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Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/247

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aux jabots, aux manchettes à dentelle de mon père ou de mon frère ; mais la connaissance fut bientôt faite. Mon berceau fut établi à côté du lit de ma mère ; la nourrice coucha dans un cabinet voisin, et ma mère, me serrant dans ses bras lorsque je m’éveillais le matin, me disait : <> O mon enfant! comme je dois t’aimer, pour réparer ces cinq mois d’exil du cœur maternel ! » Bonne mère ! elle a bien tenu parole ! »

En 1785, la famille vint à Paris, et là Mme de Perœon commença à jeter dans le monde cette réputation de grâce, de finesse et de charme naturel en toutes choses: personne mieux qu’elle ne savait recevoir. Il semble que cette haute connaissance des exigences dans les rela¬ tions sociales soient venues en héritage à Mme la duchesse d’Abrantès. Ce que sa mère possédait éminemment, c’était l’art si difficile de tenir son salon : c’était en elle une chose indépendante de ses autres agréments. Elle l’eût fait de même étant vieille et laide. N’ai-je pas vu ce salon rempli de monde à une époque où les souf¬ frances qu’elle éprouvait auraient éloigné de toute autre ? Beaucoup de femmes croient que pour recevoir il ne s’agit que d’arranger un appartement d’une manière bien élégante* de faire la révérence en souriant à cha¬ que personne qui entre ou qui sort, et de donner le coup de cloche pour le genre de conversation, qui do¬ minera dans la soirée : ce n’est pas cela du tout. De cette manière on recevra,. on aura* peut-être du monde ; mais on aura une maison ennuyeuse à* mourir. Il faut, pour en avoir une agréable* quela dame du logis soit la prê¬ tresse, mais la prêtresse invisible du temple ; qu’elle établisse chez elle aneentièce liberté, et que jamais cette liberté ne dégénère en licence. H faut que chacun fasse ce que bon lui semble, et pour qu’il n’en résulte aucun incoavénieut, elle ne doit, admettre chez elle que des