Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/315

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Mme Mallard comme à Mme de Lassay. À un endroit de cette discussion, le nom et l’autorité de Turgot sont invoqués, et l’on sent comment les prédilections de l’auteur reviennent encore et s’appuient par un bout au XVIe siècle, mais relevées et agrandies. Le livre de Mme Guizot restera après l’Émile, marquant en cette voie le progrès de la raison saine, modérée et rectifiée de nos temps, sur le génie hasardeux, comme en poli¬ tique la Démocratie de M. de Tocqueville est un progrès sur le Contrat social. Essentiel à méditer, comme conseil, dans toute éducation qui voudra préparer des hommes solides à notre pénible société moderne, ce livre renferme encore, en manière d’exposition, les plus belles pages morales, les plus sincères et les plus convaincues, qu’à côté de quelques pages de M. Jouffroy, les doctrines du rationalisme spiritualiste aient inspirées à la philosophie de notre époque.

Jusqu’à quel point, indépendamment de ses travaux personnels, Mme Guizot prenait-elle part à ceux de son mari, à tant d’honorables publications accessoires dont il accompagnait son œuvre historique fondamentale, et dans lesquelles, à partir de la traduction de Gibbon, elle put être en effet son premier auxiliaire ? Qu’il nous suffise de savoir qu’elle avait épousé tous ses intérêts, ses labeurs studieux comme ses convictions, et n’essayons pas de discerner ce qu’elle a aimé à confondre. Son bonheur fut grand : sa sensibilité qui s’accroissait avec les années, délicat privilège des mœurs sévères ! le lui faisait de plus en plus chérir, et, je dirai presque, regretter. Cette sensibilité de qui elle avait dit si délibérément dans sa jeunesse : « La sensibilité épargne plus de maux quelle n’en donne, car elle détruit d’un coup les chagrins de l’égoïsme, de la vanité, de l’ennui, de l’oisiveté, etc. » cette sensibilité à qui elle dut tant de pures