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Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/407

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l’un, quelques pages de l’autre ; et mon -âme les caressait tous. Sombre et désolée Lélia, vous y étiez aussi, vous dont j’ai relu vingt fois avec un enivrement d’exaltation l’élégie appelée Solitude, et l’autre encore Dans le Désert. Femme qui as fait ce livre, as-tu donc tant souffert?…. Oublie, oublie, pauvre âme, repose-toi dans la pensée de Dieu !… Quand ton inspiration me faisait peur, je me rap¬ pelais ta personne charmante ; ton regard si beau, si lu¬ mineux et si profond, tel que je le saisis une fois, dans une de tes mélancolies ; ton parler sonore ; la confiance heureuse de tes enfants, ta douce intimité avec eux, et je me reprenais à t’aimer. Une bienveillance particulière m’a initiée à la partie fraîche des Mémoires de M. de Cha¬ teaubriand, sa jeunesse : c’est beau. J’en garde encore la vive impression : pourtant il y a trois ans.

Non, je n’ai pas trop à me plaindre : d’honorables sympathies ont embelli cette existence de Paris. Sur mes chaises de paille se sont assis des hommes, des femmes, que cet âge proclame……

Liszt, vous, grand de cœur et de génie, vous n’avez pas emporté ma douce souvenance, cette parole que vous me répétiez avec votre sourire triste et affectueux : Si je vous suis bon à quelque chose, dites-moi il faut. Oh !. puissent resplendir dans votre vie, mon frère, dés des¬ tinées aussi belles, mais .’moins orageuses que celles de Mozart et de Beethowen! -Vous voulez faire de votre

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art l’expression sainte d’un besoin social, puissent les hommes vous comprendre !

Auteur d ’Obermann, auteur de Joseph Delorme et de Volupté, vous m’avez dit souvent de ces paroles qui font du bien à l’âme, qui la relèvent de ses faiblesses. Les hommes grandissent à l’influence de votre pensée forte et généreuse ou noblement triste ; moi je connais de plus votre belle indulgence. Pourquoi m’aime-t-on? Que