Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/408

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suis-je ? une pauvre créature qui dirait à tous: Vous pouvez pleurer, moi je n’ai plus de larmes ; du moins je m’en défends comme d’une chose funeste. Me met¬ tant en relief, je m’exprimerais ainsi : J’ai une énergie indomptable pour mener à bien tout acte sérieux, pourvu que les moyens soient avoués par ma conscience, pourvu que ma fierté n’y prenne pas un rôle désagréable ; que surtout cet acte ait un autre mobile que mon intérêt : je ne m’idolâtre pas assez pour me donner en ma faveur beaucoup de mouvement. Les choses qui me sont imposées qui n’ont pas ma libre adhésion, m’inquiètent, me donnent de la tristesse ou de la haine : ainsi, quand la mort ne m’apparaît pas douce, bonne,- comme un refuge éternel et sacré, je l’envisage en ennemie. N’est-elle pas une nécessité, une loi qu’il faut subir dans un temps, dans un lieu incertain, sans désir, sans acceptation : puisssance mystérieuse qui s’avance comme l’avenir, invincible et muette.

11 y a pour moi dans tout ce qui exige de la résolution un grand charme d’entraînement. Le malheur me trouve à sa hauteur, nous marchons bien ensemble ; les petites contrariétés font de moi une créature sans dignité. J’ai des impatiences, je me répète ; je me fais petite d’humeur, d’inquiétude, de déraison : c’est à me prendre moi-même en dédain. Mes mouvements sont toujours pleins de franchise, mais la réflexion en a condamné plus d’un. Je puis donner d’excellents conseils pour se conduire dans le monde, j’y fais souvent des sottises. C’est moi qui jette à la face des questions embarrassantes, c’est moi qui exprime une opinion que la maîtresse de la maison doit feindre de ne pas entendre ou qu’elle doit laisser tomber comme une chose in différente. Mon culte pour le vrai me donne, quant à ce qui n’intéresse que la vanité, une franchise impitoyable de paroles ; le plus