Aller au contenu

Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/455

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Fier de ceindre à mon front l’immortelle auréole,
Adopterait, heureux de cette injuste loi.
Pour lui seul le néant et la gloire pour moi.
Maintenant, o mon Dieu ! car ta bonté suprême
Pardonnera toujours ce qu’on n’a pas caché,
Je m’accuse aujourd’hui de mon dernier péché.
Que déjà tu connais ; je l’aime.

Depuis, ce qui n’était qu’un plaisir chez elle, une récréation, est devenu une carrière, et cela bien plus par amour, par courage que par orgueil ; ce fut le désir de faire renaître à ses illusions l’homme qu’elle a choisi, de relever cette âme abattue par les luttes sociales et littéraires qui, dès leur naissance, s’enchaînent et se poursuivent éternelles : ce désir si noble, si généreux, a fait qu’elle-même est entrée*dans cette galère de l’âme où la publicité est le moindre des bonheurs. Chacun des événements de sa vie et de son cœur fut signalé par une inspiration nouvelle, où son talent, plus libre dans son allure, plus certain alors de pouvoir tout dire, grandit à chaque pas d’une manière sensible. Mais c’était peu de ces douces impressions échappées à son âme d’amante ou d’épouse ; un sentiment inconnu allait éclore pour elle et attacher une corde nouvelle à sa lyre ; elle devint mère, et le public l’apprit par ces strophes que plusieurs compositeurs mirent en musique :


À MON ENFANT.

Mon bel enfant, te voilà blanc et rose.
Né dans ce monde et couché sur mon sein,
Fleur d’aujourd’hui, toute fraîche et mi-close,
Mise par Dieu sur le large chemin.
Tes yeux chéris, innocents de lumière,
N’ont pas encor dans les miens pu jaillir :
À Dieu déjà j’adresse une prière :
Pour voir tes yeux, je demande à vieillir.