Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/107

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maître presque sans opposition. La campagne de 1690 ne fut pas aussi heureuse : le 1er juillet, le maréchal de Luxembourg battit, à Fleurus, le prince de Waldeck, dont l’armée avait été renforcée de quelques escadrons de troupes d’Espagne commandées par le lieutenant général d’Huby. Au mois de février de l’année suivante, Gastañaga partit pour la Haye, où il assista, avec les électeurs de Bavière et de Brandebourg, le landgrave de Hesse-Cassel et plusieurs des chefs des armées alliées, à des conférences qui se tinrent en présence de Guillaume III, roi d’Angleterre, sur les mesures à prendre dans l’intérêt de la cause commune.

Il était depuis deux jours à peine de retour à Bruxelles, lorsqu’il reçut la nouvelle de l’investissement de Mons par une armée de cent mille Français que commandaient les marquis de Bouffiers et de Villars et dont Louis XIV en personne ne tarda pas à venir diriger les opérations. Le prince de Berghes, qui commandait dans cette ville, n’avait que six mille hommes, la plupart espagnols ; il capitula après quinze jours de tranchée ouverte (8 avril). La perte d’une place, réputée l’une des plus fortes de l’Europe, excita, aux Pays-Bas et en Espagne, de grandes clameurs contre Gastañaga. On l’accusa de n’avoir pas pris les dispositions qu’en exigeait la défense, tandis qu’il aurait assuré le roi de la Grande-Bretagne qu’elle ne courait aucun danger, et l’aurait abusé même sur le chiffre des troupes qui en formaient la garnison. Le mécontentement de Guillaume III contre lui fut extrême ; il éclata dans les lettres qu’il écrivit à Madrid. Depuis longtemps, Maximilien-Emmanuel, électeur de Bavière (voir ce nom), aspirait au gouvernement des Pays-Bas ; des démarches actives étaient faites par lui ou pour lui en Espagne pour l’obtenir : Charles II se décida à le lui conférer (décembre 1691). Le 26 mars 1692, Gastañaga remit les rênes du gouvernement à Maximilien-Emmanuel, arrivé ce jour-là même à Bruxelles. Charles II avait ordonné à l’électeur, aussitôt après qu’il aurait pris possession du poste auquel il venait de le nommer (8 janvier), d’envoyer le marquis prisonnier en Espagne. L’électeur ne put exécuter cet ordre à la lettre, Gastañaga ayant beaucoup de dettes, et ses créanciers n’étant pas disposés à le laisser partir sans qu’il les eût satisfaits. On vendit tout ce qu’il avait de meubles ; il fut ainsi en état de payer ce qu’il devait, et, le 10 avril, il quitta Bruxelles pour aller s’embarquer à Ostende : l’électeur eut la délicatesse de lui épargner l’humiliation qu’il aurait ressentie, si on lui avait fait traverser en prisonnier le pays où naguère tout le monde s’inclinait devant son autorité : il se contenta de sa parole. À son débarquement en Espagne, Gastañaga fut arrêté. Une junte, composée d’un conseiller d’État, d’un conseiller de Castille et d’un conseiller de guerre, fut chargée par le roi d’examiner la conduite qu’il avait tenue dans l’exercice du pouvoir dont il avait été revêtu aux Pays-Bas (juin 1692). Après une enquête de plus d’une année, la junte ne trouva pas qu’il y eût à frapper de blâme son administration, et un décret royal le déchargea de toute responsabilité à cet égard (octobre 1693). Il vint alors à la cour, où Charles II, la reine Marie-Anne de Neubourg et la reine mère lui firent un accueil distingué. En 1694, il fut appelé à la vice-royauté de Catalogne. Les Français, les années précédentes, s’étaient rendus maîtres d’une partie de cette principauté. Gastañaga réussit d’abord à arrêter leurs progrès, en s’enfermant avec ses troupes dans les places menacées et en chargeant de la défense extérieure de la province les paysans et les miquelets. Ceux-ci harcelaient les ennemis, interceptaient les convois, mettaient à mort les Français qui marchaient isolément, et attaquaient même les villes où il n’y avait que de faibles garnisons. Mais lorsqu’il voulut prendre l’offensive, il n’eut pas un égal succès, quoiqu’il eût reçu de nombreux renforts. Dans une affaire qui eut lieu, en 1696, sur les bords du Tordéra, il vit une partie de son armée prendre la fuite, et toute la cavalerie wallone avec son chef, le comte de Tilly, taillée en pièces. Les plaintes des Catalans contre lui déterminèrent la cour à le remplacer