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par don Francisco de Velasco. Après l’avénement de Philippe V, Gastañaga fut nommé colonel du régiment des gardes à cheval du roi. Il mourut, au mois de novembre 1702, à Barcelone, où il était allé attendre ce monarque, à son retour de la campagne de Lombardie.

Gachard.

AGYLÆUS (Henri), jurisconsulte, né à Bois-le-Duc (ancien Brabant) en 1533, mort en 1595. Son père, connu sous le nom de Henrickzone Louiszone, était Italien, natif de la petite ville d’Agylla, aujourd’hui Cerveteri, entre Rome et Civita-Vecchia, dans les États de l’Église. Il obtint, en 1524, droit de bourgeoisie à Bois-le-Duc.

Agylæus fut envoyé de très-bonne heure à Louvain pour y faire ses études. En 1547, il se fit inscrire à la matricule de la pédagogie du Porc. Il est probable que les idées de la réforme avaient pénétré dans l’université ; car, en 1558, Agylæus, étant venu passer plusieurs jours à Bois-le-Duc, laissa échapper en public quelques propositions hérétiques sur les saintes Écritures et le sacrement de l’autel. Le scandale fut grand, et le jeune étudiant fut cité à comparaître devant le conseil de Brabant pour répondre de sa conduite ; mais il jugea à propos de quitter le pays. Il fut condamné par contumace au bannissement avec confiscation de ses biens. Il se retira à Cologne, où il publia son premier ouvrage, dont nous parlerons plus loin. Ce fut alors que, changeant de nom, il prit celui d’Agylæus, d’Agylla, nom du lieu de naissance de son père.

Poussé par son esprit aventureux et par le désir de s’instruire, Agylæus se rendit en Suisse et assista aux leçons des professeurs les plus célèbres de cette époque. Il séjourna successivement à Lauzanne, à Bâle et à Genève. Ce séjour au foyer des idées nouvelles, ce contact de Calvin et de ses disciples lui fit adopter entièrement les doctrines de la réforme.

En 1561, Agylæus publia un second ouvrage qu’il dédia à la reine Élisabeth d’Angleterre, et, pour le lui présenter, il se rendit dans ce pays, où il se lia avec Thomas Parker, à qui il offrit son Photii nomo canonus.

Cependant, soit que ses nouvelles croyances ne fussent pas encore bien affermies, soit que le désir de revoir son pays l’emportât sur toute considération, Agylæus présenta, en 1562, une requête à Marguerite de Parme, gouvernante des Pays-Bas, afin de pouvoir rentrer à Bois-le-Duc. Il faisait, dans cette requête, profession de foi à la religion catholique, affirmant qu’il avait toujours vécu et voulait continuer à vivre dans ses principes. Des lettres de pardon lui ayant été délivrées, à condition de faire une rétractation de ses erreurs entre les mains de l’inquisiteur de la foi, il rentra dans sa ville natale, où il épousa Gertrude Pauvherden. Sa conduite ultérieure prouva que cette rétractation n’était pas sincère.

En 1566 commence la vie politique d’Agylæus, vie d’agitation perpétuelle, d’intrigues, de succès et de revers comme toute vie politique, surtout à une époque aussi troublée que celle du xvie siècle.

Un consistoire protestant, dont Agylæus devint l’âme, fut organisé à Bois-le-Duc et mis en rapport avec celui d’Anvers. Les déplorables excès des iconoclastes dans cette ville eurent leur contre-coup à Bois-le-Duc. Les églises furent ravagées, et là comme ailleurs, l’influence des chefs fut impuissante à arrêter les sectaires. La gouvernante envoya des commissaires dont l’arrivée fut le signal de nouveaux troubles qui firent tomber la ville au pouvoir des révoltés. Le comte de Megem fut alors chargé de s’y rendre avec des forces imposantes, et, après une vaine tentative de résistance, la ville se soumit. La fuite des chefs du mouvement fut la conséquence naturelle de ce résultat. Agylæus se retira dans le pays de Clèves. Il y rédigea, en latin, une justification par laquelle il prétendait établir son innocence ; mais les témoins entendus dans l’enquête qui fut faite, affirmèrent qu’il était l’instigateur de tout ce qui s’était passé. Condamné une seconde fois au bannissement et à la confiscation de ses biens, il se retira à Duisbourg, dans le pays de Clèves, et l’on n’entendit plus parler de lui jusqu’en 1576. Il profita alors du pardon général accordé, en 1574, par Phi-