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un échiquier dont les personnages sont les pions : on peut prendre intérêt aux évolutions de chacun d’eux, sans cesser de se préoccuper de l’ensemble du jeu.

Enseigner l’histoire au moyen des biographies et une méthode d’une utilité incontestable. On choisit un nom célèbre de l’antiquité, du moyen âge ou des temps modernes, auquel se rattache une série d’événements, de dates, de particularités dont ce personnage a été comme le centre et le pivot. L’esprit s’intéresse alors tout naturellement et avec prédilection au personnage mis en scène, et suis ses mouvements avec plus d’attention que si on l’entraînait dans les généralités d’un récit long et compliqué où les noms propres, nécessairement éparpillés, abondent. Déjà M. A. Baron l’entendait ainsi lorsqu’il publiait, en 1843, la Biographie universelle, refondue par lui ; il démontrait, dans la préface de cet ouvrage, l’importance des ces études individuelles.

La biographie universelle embrasse tous les siècles, toutes les nations, toutes les professions. Elle acquiert ainsi, par l’immensité de son sujet, des proportions qui doivent être soumises à des règles restrictives, quant aux choix des personnages. Autres sont les principes à suivre pour la composition d’une biographie nationale, d’une biographie professionnelle ou locale. Celles-ci, conçues sur un plan spécial, permettent d’introduire dans leur cadre des personnages tout à fait secondaires pour l’histoire générale, mais qui offrent un intérêt particulier : leur tâche est de n’omettre aucun nom dont il subsiste des traces suffisantes. De là l’admission dans un livre de cette espèce d’un nombre considérable d’hommes, peut-être dépourvus de valeur pour les étrangers, mais que le souci d’un amour-propre national bien entendu fait une loi d’accueillir. Nous citerons ici, pour exemple, cette foule d’artistes, d’homme de guerre, de lettrés, de magistrats, d’écrivains religieux ou ascétiques dont le nom n’a guère dépassé, parfois, les limites de la province ou de la localité où ils ont vu le jour, mais qui se recommandent cependant par une sorte de célébrité relative et satisfont à l’esprit de recherche des spécialités.

Ces idées s’appliquent particulièrement au dictionnaire que nous publions et dont nous allons faire connaître l’historique, le plan et les détails d’exécution.

En réorganisant, en 1845, l’Académie royale, un ministre ami des lettres, M. Sylvain Van de Weyer, membre de cette compagnie, proposa à S. M. le Roi un arrêté qui avait pour but entre autres d’ordonner la publication d’une biographie nationale. Il voulait réunir en un seul faisceau les nombreux titres de gloire, souvent négligés, que nous avons le droit de faire valoir et qui placeront ce livre, nous l’espérons, à la hauteur des monuments de même genre élevés par d’autres nations à leurs hommes distingués. Dans le rapport qui précède cet arrêté, le ministre déclare que ce travail sera confié à l’Académie.

Dès le 6 avril 1846, M. le secrétaire perpétuel fut chargé de faire, aux trois classes réunies, un rapport sur les moyens de remplir la tâche imposée à la