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nicon terrœ sanctœ sive Expeditiones Principum et Baronum catholicorum in terram sanctam. Il ajoute qu’il termina cette œuvre en 1272 et qu’elle embrassait l’époque des croisades, depuis saint Bernard jusqu’à saint Louis. Il est bien regrettable que la chronique d’Albéric soit perdue. L’autographe se trouvait dans la bibliothèque de Christophe Butkens, abbé de Saint-Sauveur à Anvers, d’où elle passa aux héritiers de ce savant historien. Albéric est cité par les chroniqueurs des xive, xve et xvie siècles. Le président Wielant s’en est beaucoup servi dans ses Antiquités de Flandre, et, au dire de Foppens, le Chronicon Alberici était réputé comme une autorité sûre, où les familles distinguées cherchaient, à défaut d’autres titres, des preuves certaines de leur origine et de leur noblesse. L’auteur s’est attaché aux personnages distingués qui avaient pris part aux expéditions contre les Sarrasins ; il n’a pas oublié les Flamands, qui avaient suivi leurs comtes dans ces entreprises chevaleresques et, à ce point de vue, la perte de l’œuvre d’Albéric est doublement regrettable. Si l’autographe a disparu, espérons que des copies en existent encore et que les traces du moine de Ter Doest, trouvées par l’auteur de cette notice, lui permettront un jour de mettre la main sur une copie très-ancienne de cette chronique.

Nous devons encore à la plume d’Albéric la vie de Barthélemy Vander Aa et l’histoire des trois monastères qu’il fonda. Lorsque la mort le surprit, en 1286, il écrivait la vie de la bienheureuse Élisabeth, abbesse de Nazareth, près de Lierre, suivie de la chronique de ce monastère. Le moine de Ter Doest, Victoricus, continua cette chronique jusqu’à l’année 1383. La vie de la bienheureuse Ermengarde, première abbesse de Magdendaele, est aussi due à sa plume.

F. Van De Putte.

ALBÉRIC DE TROIS-FONTAINES, chroniqueur, né au diocèse de Liége. C’est sous ce nom qu’est devenue célèbre une chronique du xiiie siècle, qui est un des plus anciens et des plus précieux monuments de l’histoire de ces temps obscurs. Elle appartient à notre pays, non-seulement par le sujet, mais aussi par l’intitulé d’un des manuscrits, qui range le moine Albéric dans le diocèse de Liége. Cette origine a été adoptée par l’illustre éditeur de la chronique, Leibnitz, qui a pris pour en-tête : Incipit Cronica Alberici Monachi Trium Fontium Leodiensis diocesis. De telles preuves ne suffiraient pas pour nous permettre de revendiquer ce modeste écrivain, si sa nationalité ne résultait pas à l’évidence du texte même qu’il nous a légué. On y trouve quantité de détails minutieux relatifs au pays de Liége et à Huy. L’auteur y raconte des événements qui ne pouvaient intéresser qu’un habitant du lieu et qui sont rapportés avec l’exactitude d’un témoin oculaire. Il se montre mieux disposé pour les empereurs germaniques, dont relevaient les Liégeois, que pour les rois de France, des sujets desquels il lui arrive de se moquer. Tout démontre non-seulement qu’il était du diocèse de Liége, mais encore qu’il vivait non loin de Huy. Des indices plus précis permettent même d’affirmer qu’il était moine augustin, de l’abbaye de Neufmoustier. La chronique nous appartient donc sans conteste. Seulement, il est permis de douter qu’elle soit l’œuvre de cet Albéric sous le nom duquel elle a passé à la postérité. Ce dernier n’en paraît être que l’interpolateur : moine et Liégeois, comme l’auteur, il ne faisait point partie du même ordre, et c’était probablement un cistercien du Val-Saint-Lambert. Quant à cette dénomination de Trois-Fontaines, qui a engagé quelques auteurs a en faire un bénédictin du monastère de ce nom dans le diocèse de Châlons-sur-Marne, elle rappelle à d’autres un petit hameau, situé dans le marquisat de Frachimont, et qui pourrait être le lieu de naissance de notre Albéric. Quoi qu’il en soit, le véritable auteur est resté complètement anonyme. C’est bien à lui, cependant, que revient la gloire du travail, puisqu’on a pu compter les interpolations, qui sont au nombre de vingt et une, suivant M. Petit-Radel, tandis que Dom Bouquet n’en porte le chiffre qu’à seize. La chronique commence avec le monde. Jusqu’en 1220, ce n’est qu’une compilation d’une cinquantaine d’auteurs précédents