de réclamer du cardinal André l’évacuation de leurs territoires. En même temps l’Empereur déclarait, par un manifeste, que, si l’armée espagnole ne se retirait de l’Allemagne dans les deux fois vingt quatre heures, elle serait mise au ban de l’Empire. Le cardinal tâcha de donner satisfaction aux envoyés des princes allemands. Il envoya lui-même, pour conjurer l’orage qui se préparait, Lancelot Schetz de Grobbendoncq, baron de Wesemael, et le conseiller Otto Hartius vers les députés du cercle westphalique qui devaient s’assembler à Cologne ; le comte Ludovico Biglia et Fernando Lopez de Villanova, gouverneur de Kerpen, vers l’Empereur et les princes de l’Empire ; le président de Luxembourg, Jean de Hattestein, et le secrétaire Blasere à Worms, où une diète venait d’être convoquée. Tous ces agents avaient pour mission de justifier, ou tout ou moins d’excuser ce qui avait été fait, de promettre des réparations pour les dommages causés, d’annoncer la prochaine évacuation des territoires où les troupes d’Espagne s’étaient logées. Il écrivit en particulier à l’Empereur, lui disant que l’amiral d’Aragon tenait ses instructions de l’archiduc, et que lui, cardinal, n’en avait pas eu connaissance ; qu’il n’avait cessé d’insister afin que l’armée entrât dans les Provinces-Unies ; qu’on était injuste à son égard en répandant qu’il était en son pouvoir de faire sortir les troupes espagnoles des terres de l’Empire : « car, ajoutait-il, moy, qui suis prince de l’Empire et icy pour quelque temps, ne doibz-je pas mectre la main à la conservation de l’authorité d’icelluy Empire, et compatir avec les autres princes et Estatz, mes confrères et compaignons ? » Bien pénétré cependant de l’importance de donner satisfaction à l’Allemagne, il partit dans ce but pour la Gueldre (avril 1599). Il restitua, en effet, quelques-unes des places dont les troupes espagnoles s’étaient emparées ; mais, après avoir consulté le conseil d’État, il se détermina à retenir Rhinberg et Rees. Dans l’intervalle, les princes allemands, passant des menaces aux effets, avaient levé une armée dont ils avaient donné le commandement à Simon, comte de la Lippe, lieutenant général du cercle de Westphalie. La Lippe vint assiéger le fort de Walsheim, vis-à-vis de Rhinberg, qu’il emporta facilement ; mais, ayant attaqué Rees, la garnison le força d’en lever le siége, après lui avoir fait subir de grandes pertes, et, à la suite de cet échec, ses troupes se débandèrent. Mendoza, de son côté, échoua devant Bommel, qui fut vigoureusement défendu par le comte Maurice de Nassau. L’insuccès de cette entreprise fit naître des dissensions entre les chefs de l’armée. Le cardinal, pour rétablir la concorde entre eux, se rendit au camp, accompagné de son frère, le marquis de Burgaw, et du duc Maurice de Saxe. À la suite d’un examen approfondi des lieux, il résolut de faire construire, dans l’île de Bommel, un grand fort qui dominât le passage du Wahal et de la Meuse ; ce fort fut appelé, de son nom, le fort de Saint-André. Ce fut le seul avantage que Philippe III et les archiducs retirèrent de la campagne de 1599 ; encore le comte Maurice empêcha-t-il les Espagnols d’en profiter, en construisant un fort semblable sur la rive opposée du fleuve, et en creusant un canal qui permit aux Hollandais de descendre et de monter le Wahal sans que la garnison du fort de Saint-André pût les inquiéter.
Le mal qu’on n’avait pas réussi à faire aux Provinces-Unies par la voie des armes, on essaya de le leur causer en s’attaquant à leur commerce. Les Hollandais, depuis leur rébellion, avaient continué d’être admis, sous pavillon neutre, dans les ports d’Espagne et de Portugal, et le trafic qu’ils y faisaient leur procurait des bénéfices immenses. On crut, à Madrid et à Bruxelles, qu’on leur ôterait la possibilité de soutenir la guerre, en leur interdisant ce trafic, tant avec la péninsule Ibérique qu’avec les Pays-Bas obéissants. Philippe III, peu après son avénement au trône, fit arrêter les vaisseaux hollandais qui se trouvaient dans les ports de ses royaumes, confisqua leurs cargaisons, força une partie des matelots à s’incorporer dans sa marine, en condamna d’autres à servir sur ses galères ; il défendit en même temps, sous des pei-