de la flotte espagnole ayant souffert des retards, l’expédition projetée fut remise. Farnèse, en vue d’amuser les Anglais, envoya à Bruges, au mois de février 1588, Charles d’Arenberg, le président Richardot et Frédéric Perrenot, seigneur de Champagney, pour conférer avec les commissaires de la reine Élisabeth sur les moyens de rétablir la paix entre les deux couronnes. On sait quel fut le triste sort de l’invincible armada ; nous n’avons pas à nous en occuper ici. En 1590, d’Arenberg accompagna le duc de Parme, lorsqu’il entra en France pour délivrer Paris, qu’assiégeait Henri IV. Sa conduite dans le cours de cette campagne lui valut une lettre de remercîments du roi (1er mars 1591).
L’archiduc Albert, à son arrivée aux Pays-Bas, fit Charles d’Arenberg gentilhomme de sa chambre. Devenu souverain de ces provinces, il le nomma successivement conseiller d’État (15 octobre 1599), amiral et lieutenant général de la mer (25 octobre 1599) et grand fauconnier (29 mai 1600). Après la conclusion de la paix de Vervins (2 mai 1598), il l’avait envoyé à Paris, avec le duc d’Arschot, don Francisco de Mendoza et Cordova, amirante d’Aragon, le président Richardot, don Luis de Velasco et l’audiencier Verreycken, pour recevoir le serment que devait prêter le roi de France en exécution de ce traité.
Henri IV, dégagé des liens qui l’unissaient à Marguerite de Valois, venait de contracter un nouveau mariage avec Marie de Médicis : Charles d’Arenberg reçut de l’archiduc la mission d’aller le féliciter sur cette alliance ; il fut parfaitement accueilli du monarque français, qu’il trouva à Grenoble (septembre 1600). Pendant ce temps, les états généraux des Provinces-Unies ordonnaient de saisir, pour les vendre au profit de la république, tous les biens qu’il possédait dans ces provinces, et permettaient même de le tuer : par cette mesure, aussi atroce qu’inique, prise contre l’amiral des Pays-Bas catholiques, les états voulaient venger des pêcheurs hollandais que des équipages flamands avaient jetés à la mer, liés dos à dos, comme si cet acte de cruauté avait été commandé par lui, ou s’il avait été seulement en son pouvoir de le prévenir.
Charles d’Arenberg prit part aux opérations militaires auxquelles donna lieu le siége d’Ostende. Au mois de mai 1603, l’archiduc Albert le députa vers Jacques VI, roi d’Écosse, qui venait de succéder à Élisabeth sur le trône d’Angleterre. L’objet apparent de cette ambassade était de complimenter sur son couronnement le nouveau roi ; mais le but réel en était de préparer les voies au rétablissement de la paix entre l’Angleterre, d’une part, les Pays-Bas et l’Espagne, de l’autre. D’Arenberg séjourna pendant cinq mois (juin-octobre) à la cour de Londres. Les historiens anglais, et de Thou avec eux, l’accusent d’avoir eu connaissance de la conspiration de Cobham et Raleigh contre Jacques VI ; il aurait même, si l’on en croit leurs récits, encouragé les conspirateurs, et cela dans l’espoir de voir passer la couronne d’Angleterre sur la tête d’Arabella Stuart. Ses dépêches n’existant pas aux archives de Bruxelles, nous ne sommes point en mesure de vérifier ces assertions ; mais ce qui, à nos yeux, leur donne un démenti, c’est que d’Arenberg fut l’un des ambassadeurs qui allèrent définitivement négocier la paix avec l’Angleterre : les archiducs l’auraient-ils choisi, s’il s’était, l’année précédente, attiré par sa conduite l’animadversion du roi ? On sait que cette négociation fut couronnée d’un plein succès (28 août 1604). En 1614, les archiducs nommèrent Charles d’Arenberg premier commissaire au renouvellement des lois de Flandre. Il mourut le 18 janvier 1616, laissant d’Anne de Croy six fils et six filles. Il avait acquis, en 1606, de Henri IV, la seigneurie d’Enghien, ancien patrimoine de la maison de Vendôme. Il fut enterré en cette ville, au couvent des Capucins dont il était le fondateur.
ARENBERG (Philippe-Charles, prince-comte D’), duc d’Arschot, né le 18 octobre 1587 au château de Barbançon, fils aîné de Charles dont il vient d’être parlé, fit ses premières armes, à l’âge de