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Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/235

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dix-neuf ans, sous Ambroise Spinola. En 1609, l’archiduc Albert l’arma chevalier de sa main, lui donna l’une des compagnies d’ordonnances, et l’admit au nombre des gentilshommes de sa chambre. La guerre avec les Provinces-Unies venait d’être terminée par la trêve conclue à Anvers le 9 avril : Philippe d’Arenberg alla servir dans les troupes auxiliaires que les archiducs envoyèrent au duc de Neubourg, en lutte avec l’électeur de Brandebourg pour la succession de Clèves et de Juliers ; il se trouva à l’attaque et à la prise d’Aix-la-Chapelle, d’Orsoy, de Mulheim, de Wesel. En 1616 (14 avril), Albert le nomma mestre de camp d’un régiment d’infanterie wallone. Il lui remit, au nom de Philippe III, le 14 janvier 1618, le collier de la Toison d’or ; l’appela, en 1619 (9 août), à remplir les fonctions de conseiller d’État ; le plaça, en 1620 (24 mai), à la tête d’un régiment d’infanterie haute allemande de trois mille six cents hommes, et enfin, en 1621, l’envoya à Madrid, en mission extraordinaire, à l’occasion de l’avènement de Philippe IV au trône d’Espagne. Ce monarque, à son tour, le fit gouverneur, souverain bailli, capitaine des pays, comté et château de Namur, grand veneur et bailli des bois de la même province (4 décembre 1626), grand fauconnier des Pays-Bas (27 février 1627), grand veneur de Flandre (18 avril 1627). En 1628, il le chargea, comme le plus ancien chevalier de la Toison d’or aux Pays-Bas, d’investir du collier de l’ordre les comtes de Sainte-Aldegonde, d’Estaires, d’Anhalt, d’Isembourg, de Gamalerio et le prince de Barbançon.

Dans les années qui suivirent l’expiration de la trêve avec les Provinces-Unies, les troupes espagnoles, conduites par Ambroise Spinola, obtinrent quelques succès. Mais Philippe IV ayant appelé Spinola à Madrid en 1627, les choses changèrent de face. La campagne de 1629 fut particulièrement désastreuse : Wesel fut surpris, le 14 août, par un des lieutenants du prince d’Orange, Frédéric-Henri, qui lui-même s’empara de l’importante place de Bois-le-Duc (14 septembre). À cette nouvelle, une commotion se manifesta dans tout le pays ; les murmures étaient unanimes contre les ministres espagnols ; on ne parlait de rien moins que de traiter avec les Provinces-Unies sans le concours de l’autorité royale, et même malgré elle. Des membres du clergé et de la noblesse se réunirent pour délibérer sur les mesures que réclamait le salut de la patrie. Interprètes de leurs sentiments, qui étaient ceux de la nation entière, l’archevêque de Malines, Jacques Boonen(voyez ce nom), et le duc d’Arschot présentèrent à l’infante Isabelle une adresse où, après avoir retracé tout ce que les Pays-Bas avaient souffert, depuis plus de cinquante ans, par le fait des Espagnols, ils demandaient qu’elle envoyât quelqu’un au roi, pour le supplier de laisser désormais les Belges se défendre et s’administrer eux-mêmes. L’infante chargea de cette mission le comte de Solre, de la maison de Croy, qui revint à Bruxelles au mois de janvier 1630, porteur de lettres de Philippe IV pleines de témoignages de la satisfaction de ce monarque pour le zèle et l’affection des états, de la peine qu’il ressentait de leurs maux, du désir qu’il avait d’y remédier ; contenant, de plus, la promesse de secours prompts et efficaces, et celle même de sa prochaine arrivée aux Pays-Bas. Ces déclarations et ces promesses ranimèrent pendant quelque temps le courage de la nation ; mais les effets ne répondirent pas aux paroles. L’impéritie du ministère espagnol de l’infante, la trahison du comte Henri de Bergh, l’envoi au Palatinat d’une partie des forces qui étaient destinées à tenir tête au prince d’Orange, facilitèrent à ce prince de nouvelles conquêtes : en une année il s’empara de Venloo, Ruremonde, Maestricht, Limbourg, Orsoy et de plusieurs autres places. La consternation était universelle dans les Pays-Bas catholiques ; de toutes parts on réclamait, comme en 1576, la convocation des états généraux. L’infante Isabelle se décida à les assembler, quoiqu’elle eût des ordres contraires du roi son neveu. Le duc d’Arschot s’était prononcé fortement pour cette mesure au sein du conseil.