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tâche avec un succès extraordinaire. Par son esprit élevé, par sa piété sincère mais exempte d’exagération, par son éloquence douce et persuasive, il sut toucher tous les cœurs. La chapelle de la cour fut trop étroite pour contenir les auditeurs d’élite accourus afin de jouir de sa parole, et parmi les assistants les plus assidus on compta le nonce apostolique François de Balneo, l’archevêque de Malines Jacques Bconen et l’archevêque de Césarée, grand aumônier de la gouvernante.

Mais le P. d’Arenberg n’était pas seulement un théologien profond, un administrateur éclairé, un prédicateur éloquent ; il était, de plus, un architecte très-habile. Ayant obtenu d’Isabelle la concession d’un terrain situé à Tervueren, à l’entrée de la forêt de Soignes, il y fit construire un beau monastère sur des plans qu’il avait lui-même dressés, et il entoura cette maison de bosquets et d’étangs qui, au dire de Paquot, en firent un ermitage délicieux. Le couvent, commencé en 1627, était achevé dès l’année suivante. A l’extrémité du jardin se trouvait un petit bâtiment où l’infante, qui savait unir une piété austère aux qualités d’une femme supérieure, venait, tous les ans, pratiquer les exercices de la retraite spirituelle. Elle y couchait sur une natte de jonc, n’ayant d’autre oreiller qu’un gros rouleau de chêne, qu’on y montrait encore à la fin du xviiie siècle.

En 1650, le P. d’Arenberg put de nouveau mettre à profit ses connaissances architecturales, en dressant le plan et en dirigeant les travaux de construction de l’église du couvent des capucins de Bruxelles, édifice pour lequel son frère, le duc Philippe d’Arenberg, avait donné trente mille florins et les magistrats de la ville trois mille patacons. L’archiduc Léopold-Guillaume, gouverneur général des Pays-Bas, posa la première pierre le 20 mars 1651, et Jacques de la Torre, archevêque d’Éphèse et vicaire apostolique de Hollande, la dédia le 14 juillet 1652. Étant à Rome, en 1650, au chapitre général de son ordre, le P. d’Arenberg avait obtenu du pape Innocent X plusieurs corps de martyrs trouvés dans les catacombes. Ces corps, provisoirement déposés à Sainte-Gudule, furent transférés dans le nouveau temple, avec une grande pompe religieuse, le 22 juillet 1652[1].

Malgré cette vie active et laborieuse, le P. d’Arenberg trouvait, dans sa vigueur intellectuelle et dans son assiduité au travail, le moyen de se livrer à des travaux littéraires, destinés à revendiquer les gloires de son ordre et à répondre aux attaques de ses adversaires. En 1640-42, il publia à Cologne, chez Constantin Munich, un ouvrage intitulé : Flores Seraphici ex amœnis Annalium hortis admodum R. P. F. Zachariæ Boverii, ordinis FF. minorum S. Francisci capucinorum definitoris generalis, collecti ; sive icones, vitæ et gesta virorum illustrium (qui ab anno 1525 usque ad annum 1612, in eodem ordine miraculis ac vitæ sanctitate claruere) compendiose descripta. Auctore R. P. F. Carolo de Arenberg, Bruxellensi, ejusdem ordinis prædicatore : deux tomes en un volume in-f°, dont le premier est consacré aux franciscains qui ont vécu de 1525 à 1580, et le second à ceux qui se sont distingués de 1580 à 1612. Ce livre, que la générosité de la famille de l’auteur orna de magnifiques gravures en taille-douce, fut réimprimé, la même année, à Anvers, et une troisième édition sortit des presses à Milan en 1648. Il fut traduit en espagnol par le P. Antoine d’Arnedo et publié à Madrid au commencement de 1669. Paquot fait observer avec raison que le P. d’Arenberg aurait pu choisir un meilleur guide que Boverius, qui, manquant à peu près complètement de critique historique, a mainte fois reproduit des récits dont l’authenticité était loin d’être démontrée. Deux ans après, il publia à Cologne, chez le même éditeur, un ouvrage portant le titre suivant : Clypeus seraphicus, seu scutum veritatis in defensionem annalium fratrum minorum capucinorum. Au témoignage de Jean de Saint-Antoine (Biblioth. francis., p. 251), ce livre, que nous n’a-

  1. Paquot et Goethals, adoptant la version de Foppens, se trompent en faisant du P. d’Arenberg l’architecte de tout le couvent des capucins de Bruxelles. Ce couvent existait depuis 1595. (V. Henne et Wauters, Hist. de Bruxelles, t. III, p. 435).