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chanoine de Cologne : la perte que le duc son frère fit de ses deux enfants l’engagea à rentrer dans le monde. Le 18 mai 1657, Philippe-François, de l’agrément de don Juan d’Autriche, gouverneur général des Pays-Bas, lui céda le régiment de cuirassiers hauts allemands qu’il commandait depuis 1651 : comme on l’a vu dans l’article qui précède, il s’était distingué, trois années auparavant, au siége d’Arras. Charles II le nomma, en 1675 (3 juin), grand bailli, lieutenant et capitaine général de Hainaut, et le 12 septembre 1678, chevalier de la Toison d’or. C’est tout ce que nous savons de lui. Il mourut, le 25 juin 1681, à Mons, laissant trois enfants de Marie-Henriette de Cusance, fille de Claude-François de Cusance et d’Ernestine de Witthem, qu’il avait épousée en 1660.

Gachard.

ARENBERG (Philippe-Charles-François duc D’), d’Arschot et de Croy, fils de Charles-Eugène, naquit le 10 mai 1663. Il n’avait guère que quinze ans, lorsque le duc de Villa-Hermosa, gouverneur général des Pays-Bas, lui confia le commandement d’un régiment d’infanterie allemande (20 octobre 1678). En 1683, il échangea ce commandement contre celui d’un régiment de cavalerie bourguignonne ; la même année, Charles II le nomma capitaine de sa garde des archers. Décoré de la Toison d’or le 4 juillet 1685, il en reçut les insignes à Bruxelles, le 23 août suivant, des mains du prince de Nassau, gouverneur et capitaine général de Gueldre. En 1691, il alla servir l’Empereur, qui le fit sergent général de bataille (oberist veldwachtmeester). Il commandait une brigade à la mémorable bataille de Salankemen (19 août 1691), où l’armée impériale remporta une victoire complète sur les Ottomans, victoire achetée d’ailleurs par de grands sacrifices. Blessé d’une balle à la poitrine dès le commencement de l’action, il venait de quitter le champ de bataille, lorsqu’on lui rapporta que les ennemis faisaient une sortie de leur camp ; il remonta à cheval, disant qu’il ne voulait mourir que les armes à la main, et ce fut seulement après que les Turcs eurent été repousses de toute part, qu’il consentit à faire panser sa blessure. Le coup qui l’avait frappé était mortel ; il vécut pourtant encore six jours, en proie à de cruelles souffrances qu’il supporta avec une patience et un courage exemplaires. Transporté à Peterwaradin, il y expira le 25 août. Sa fin fut celle d’un soldat et d’un chrétien. Un peu avant la bataille de Salankemen, il avait fait son testament militaire : « Je prie Dieu, écrivit-il au bas de cette pièce, de sauver mon âme, puisque je n’ai pas dessein d’épargner mon corps. »

Philippe-Charles-François d’Arenberg avait épousé, le 12 février 1684, Marie-Henriette del Caretto, fille d’Othon-Henri, marquis del Caretto, de Savona et de Grana, et de Marie-Thérèse, comtesse d’Eberstein, dont il eut un fils et une fille.

Son frère puîné, Alexandre-Joseph, prince d’Arenberg, qui était allé, en volontaire, à la guerre de Hongrie et commandait une compagnie dans le régiment du comte de Taff, fut tué, le 7 juillet 1683, dans une rencontre avec une avantgarde de l’armée ottomane. Il était né en 1664.

Gachard.

ARENBERG (Léopold-Philippe-Charles-Joseph, duc D’), d’Arschot et de Croy, fils de Philippe-Charles-François, est regardé, à juste titre, comme l’un des princes qui ont répandu le plus d’éclat sur la maison d’Arenberg. Né à Bruxelles, le 14 octobre 1690, il n’avait pas encore dix mois lorsqu’il perdit son père. A l’âge de neuf ans, il se vit décoré par Charles II de l’ordre de la Toison d’or (13 janvier 1700) ; le collier lui en fut remis par l’électeur Maximilien-Emmanuel de Bavière, gouverneur général des Pays-Bas (3 avril 1700).

Dans la guerre que fit naître la succession d’Espagne, Léopold d’Arenberg, fidèle aux traditions de ses ancêtres, embrassa le parti de Charles III. Après la bataille de Ramillies, la conférence qui représentait les deux puissances maritimes le nomma colonel d’un régiment de gens de pied wallons (4 juin 1706) et membre du conseil d’État auquel fut confié, sous l’autorité de ces puissances, le gouvernement des Pays-Bas (21 juillet