La Belgique et les Provinces-Unies ayant fait partie, pendant des siècles, d’un même État politique sous la dénomination de Pays-Bas, ayant eu des destinées analogues, une communauté non encore effacée de langue, de mœurs, d’institutions, il eût peut-être été désirable de composer, à l’imitation de nos devanciers Foppens, Valère André et Sweertius, une seule Biographie pour les deux pays, aujourd’hui placés sous des gouvernements différents. Le savant Paquot avait suivi ce système, au siècle dernier, pour ses Mémoires littéraires ; mais outre les difficultés et les complications qu’aurait amenées une œuvre conçue sur de telles bases, les biographes les plus accrédités de la Hollande, Vander Aa, Kobus et Rivecourt, Kok, Wagenaar, Siegenbeek et bien d’autres, nous ayant donné, dans leurs ouvrages, l’exemple de la disjonction des deux populations, il devenait également convenable de nous en tenir à la vie des Belges proprement dits.
Ce point arrêté, on se demanda quelle était l’extension qu’il fallait donner à l’indigénat. Les nombreux fractionnements, les modifications successives du territoire actuel de la Belgique, offraient à cet égard des difficultés très-grandes. Tout en évitant les usurpations, il fallait sauvegarder nos droits. Ne s’agissait-il pas, en effet, de rechercher patiemment les noms de nos compatriotes qui s’étaient distingués, depuis dix-huit siècles, dans toutes les carrières, dans toutes les parties de la patrie belge ? Il nous parut donc important de n’emprunter à l’étranger aucun nom de cette statistique intellectuelle et, par conséquent, de ne pas sortir de nos provinces pour opérer ce dénombrement des serviteurs du pays. Nous ne croyons pas nous faire illusion en affirmant que peu d’États de l’Europe présentent, proportionnellement à leur population, un ensemble plus remarquable d’hommes dont le souvenir mérite d’être conservé[1].
La Commission prit donc la résolution suivante :
« La Biographie nationale comprendra tous les hommes qui se sont distingués à des titres divers, soit dans l’histoire politique du pays, soit dans la carrière des lettres, des arts, des sciences, etc., nés en Belgique ou dans des territoires qui, à l’époque de leur naissance, dépendaient des provinces formant la Belgique actuelle. »
Cette question fondamentale était connexe avec celle des étrangers éminents qui, pendant leur séjour en Belgique, ont rendu des services signalés à notre pays ou qui s’y sont distingués de quelque autre manière.
De nombreuses propositions, souvent contradictoires, surgirent à ce sujet au sein de la Commission. Plusieurs résolutions furent successivement prises, modifiées et abandonnées, pendant ces quatres dernières années. Les uns voulaient absolument repousser les personnages de cette catégorie, les autres, au contraire, croyaient indispensable de les classer dans un supplément.
- ↑ Rapports annuels, p. 59.