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et ses vues ambitieuses reprirent encore une fois le dessus. De nouveaux troubles ayant éclaté, quelques mois après, à la suite de l’élection d’Adolphe de la Marck, la faction des Waroux, appuyée sur une ligue formée par Huy, Dinant, Fosses et quelques autres villes de la principauté, prit les armes et choisit pour mambour Arnoul V. Il conduisit au camp des confédérés, dans les plaines de la Hesbaye, une brillante armée où l’on comptait plus seize cents chevaliers impatients d’étaler leurs promesses. Adolphe de la Marck, après avoir mis ordre aux affaires les plus urgentes, vint, de son côté, se placer à la tête de ses troupes ; mais plusieurs chanoines de la cathédrale s’étant interposés pour prévenir l’effusion du sang, les deux partis nommèrent des délégués, qui se réunirent à Saint-Trond. La conférence étant restée sans résultat, le comte de Looz se sépara de la confédération, rentra dans les bonnes grâces de l’évêque et, malgré quelques nouvelles mésintelligences, il contribua largement, le 18 juin 1316, à la rédaction du célèbre règlement d’ordre public connu sous le nom de Paix de Fexhe : véritable charte constitutionnelle, consacrant toutes les libertés civiles et politiques que les Liégeois avaient conquises à cette époque.

On aurait tort d’en conclure que le comte de Looz voyait d’un œil favorable l’extension des libertés populaires. Ce n’était pas seulement dans la principauté de Liége qu’il avait longtemps défendu les priviléges de la noblesse. Il avait joué un rôle analogue dans le duché de Brabant. Il figura avec le duc Jean, le 1er mai 1306, sur le champ de bataille de Vilvorde, où les bourgeois de Bruxelles, exigeant à main armée le développement de leurs franchises communales, subirent une défaite complète. Fatigué par les agitations et les travaux d’un règne de plus de quarante années, Arnoul abdiqua, en 1323, l’autorité souveraine entre les mains de Louis, son fils aîné, à qui il avait déjà antérieurement donné le comté de Chiny. Il ne se réserva qu’une rente de quatre mille livres. Décédé en 1328, il fut inhumé dans l’église de l’abbaye d’Averbode, où, depuis 1295, il s’était fait préparer un tombeau.

Arnoul gouverna ses sujets avec beaucoup plus de modération et d’équité qu’on ne serait tenté de le croire au premier abord. Il confirma tous les priviléges et toutes les immunités de la noblesse lossaine. En 1282, il éleva Hasselt au rang de ville, l’entoura de fossés, le garnit de remparts et y transporta, en 1315, sa chambre des monnaies. En 1305, il accorda une charte d’affranchissement aux de habitants de Chiny. Il assista, en 1314, à Aix-la-Chapelle, au couronnement de l’empereur Louis V, duc de Bavière. La même année, il figura à Louvain, avec un grand éclat, à l’inauguration de Jean III, duc de Brabant, et apposa son sceau à la Joyeuse-Entrée de ce prince. En 1323, il fut témoin à la charte par laquelle le même duc de Brabant confirma les priviléges de la ville de Diest.

Arnoul V, à l’exemple d’Arnoul IV, se montra plein de bienveillance et de générosité envers les institutions religieuses. En 1282 et en 1294, il fit des donations importantes à l’abbaye de Herkenrode. En 1297, il accorda aux abbés d’Averbode les dignités de garde-sceaux et de chapelain des comtes de Looz. En 1299, agissant en sa qualité de comte de Chiny, il confirma l’abbaye d’Orval dans la possession de tous les biens et de tous les priviléges qui lui avaient été accordés par ses prédécesseurs. Il se fit constamment un devoir de protéger énergiquement les abbés de Saint-Trond contre les agressions venant de l’extérieur ou de la ville même. Ce fut surtout à l’abbé Adam qu’il donna des preuves éclatantes de son affection pendant les troubles de 1303. Une émeute ayant éclaté, vers le milieu de cette année, au moment où Arnoul dînait à l’abbaye, il fit de vains efforts pour apaiser la populace et fut même forcé d’assister au sac de la maison d’un échevin qui avait encouru la haine de ses concitoyens. De même que l’abbé, il dut abandonner la ville, entouré d’une troupe de serviteurs armés à la hâte, et ayant grand-peine à se préserver des outrages de la foule. La répression ne tarda guère à suivre. L’abbé mit la ville en interdit et, le 9 février 1304, l’évêque