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sure aussi qu’il ordonna plus de mille prêtres. Pour être admis aux ordres, il n’exigeait des candidats qu’une vie exemplaire et les talents requis par les saints canons. Il ne faisait aucune attention à leur naissance, et son choix tombait souvent sur ceux dont l’origine était obscure : Nullum causa natalium ratus esse rejiciendum, quia apud Deum omnes sunt œquales. (Voyez Gallia christ nov., t. XIII, p. 728.)

Dans un concile tenu en 1002, il insista avec force sur la nécessité de maintenir les dispositions canoniques concernant les empêchements de mariage, et il ne craignit pas de rappeler publiquement à son devoir le comte Conrad qui avait contracté une union dans un degré prohibé de consanguinité. Il porta lui-même les armes pour défendre ses sujets contre le brigandage de quelques nobles dont il rasa les retraites et les forteresses. Tous ses sujets et les juifs même le regardaient comme leur protecteur et leur père.

Deux fois, il fit le pèlerinage de Rome, pour y gagner les grâces du jubilé et satisfaire sa dévotion envers les saints apôtres. Au mois de mai 1005, il se rendit chez son frère Thierri, duc de la Lorraine Mosellane, pour l’engager à restituer des propriétés que celui-ci avait enlevées à l’abbaye de Saint-Arnoul. Étant parvenu de Metz à Numéniac (Numeniacum), au milieu d’une chaleur caniculaire, il y tomba gravement malade et éprouva une attaque de paralysie. Son frère accourut auprès de lui, et la désolation du clergé et du peuple fut à son comble, lorsqu’on apprit que la vie d’Adalbéron était en danger. Après quelques jours de repos, le prélat se fit transporter dans sa ville épiscopale, où il s’arrêta d’abord à l’église de Saint-Étienne pour recommander son troupeau à la protection du ciel. Lorsqu’il sentit sa fin approcher, il distribua aux pauvres et aux églises tout ce qui lui restait ; et après avoir langui pendant plusieurs mois, il mourut, le 14 décembre de la même année 1005. Ses obsèques furent célébrées avec grande pompe par son ancien disciple Berthold, évêque de Toul, et son corps fut inhumé dans l’église de Saint-Symphorien.

Adalbéron est honoré comme bienheureux, le 14 décembre. Sa vie a été écrite par Constantin, troisième abbé du monastère de Saint-Symphorien, qui reçut de lui la bénédiction abbatiale et que les auteurs de la Gallia Christ. nov., t. XIII, p. 729, nomment auctor gravis et œqualis. Cette vie a été publiée par le père Labbe, dans sa Nova Bibliotheca manuscriptorum librorum, t. I, p. 670, d’après un manuscrit de la bibliothèque de Claude Hardy. On y trouve aussi, p. 681, une lettre adressée à Adalbéron II par Hildeward, évêque de Halberstadt, mort en 996, pour obtenir de lui une parcelle des reliques de saint Étienne et de sainte Glossinde. Hildeward y parle d’un don qu’il fait à notre prélat : Ad declarandum, dit-il, in vos nostrœ devotionis igniculum, divini cui indigni deservimus altaris speciale donum, doctrinœ videlicet et veritatis Rationale vocatum venerabilis papœ Agapeti decreto sibi collatum, prout nobis vestra claritas per fratrem communem nostrum Meinzonem injunxit, quia unum dividere non potuimus, exemplar illius vobis devotissime, direximus. C’était sans doute un rational des divins offices, orné de miniatures.

P. F. X. de Ram.

ADALBÉRON III, évêque de Metz, dit de Luxembourg, parce qu’il sortait de l’illustre famille de ce nom, était fils de Frédéric Ier, fils et successeur de Sigefroid, dans le comté de Luxembourg, et d’une petite-fille de Mégengose ou Mégengaud que l’on regarde comme un des premiers comtes de Gueldre et de Zutphen. Il reçut sa première éducation à Toul, sous la direction de Berthold, évêque de cette ville, avec son parent Brunon, qui devint dans la suite évêque de Toul et qui, en 1048, fut élevé au souverain pontificat sous le nom de Léon IX. L’année précédente, en 1047, Adalbéron avait été sacré évêque de Metz, et, sur la fin de l’année suivante, il assista à l’assemblée de prélats et de seigneurs, tenue, par l’empereur Henri III, à Worms, où eut lieu l’élection de Léon IX, qui ne l’accepta qu’à condition qu’elle serait confirmée et approuvée par le clergé et le peuple romain.