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En 1049, Adalbéron suivit le pape à Reims ; il y assista à la consécration de l’église de Saint-Étienne et au concile que présida Léon IX. Il suivit ce pontife à Rome et prit part, en 1050, au concile dans lequel Gérard, évêque de Toul, fut canonisé solennellement. Peu après, de retour à Metz, il assista, à Trèves, à une translation des reliques de saint Euchaire et de saint Valère.

D’après la chronique de Metz, c’était un prélat d’une grande sainteté, d’un caractère pacifique, animé d’un zèle admirable pour la propagation des institutions monastiques. Il fit bâtir autour de l’église de Saint-Sauveur, fondée en 879 par Walo, un de ses prédécesseurs, des cloîtres avec une chapelle, afin que les chanoines de cette collégiale pussent mener la vie commune, à l’exemple de ceux de la cathédrale. En 1064, il confirma un privilége accordé par son prédécesseur Thierri à l’abbaye de Saint-Trond. Ce privilége consistait dans le droit de lever un impôt sur chaque mesure de bière qui se vendait dans la ville, ainsi que d’établir et de déposer celui qui faisait le levain[1]. L’avouerie de cette abbaye, soumise depuis son origine aux évêques de Metz, avait été donnée par Adalbéron à son frère Frédéric, duc de la Basse-Lorraine. Son fils Udon, qui lui succéda dans cette fonction, voulut en étendre les droits au détriment des religieux. L’évêque prit connaissance de cette affaire et régla, en 1065, les attributions de l’avoué de manière à mettre un terme aux empiétements. La même année, l’empereur Henri IV lui donna le comté de Sarbruck. En 1052 et 1056, il avait obtenu de l’empereur Henri III des priviléges importants en faveur de sa cathédrale.

Adalbéron mourut le 12 novembre 1072, et fut inhumé dans l’église de Saint-Sauveur. Cette église ayant été démolie en 1571, lors de la construction de la citadelle, on ouvrit le tombeau d’Adalbéron et on trouva ses ossements enveloppés d’une chasuble antique de soie violet foncé. Elle était si bien conservée que depuis cette époque on introduisit l’usage de se servir de cet ornement le jour de l’anniversaire de la mort d’Adalbéron. Après la démolition de l’église de Saint-Sauveur, les chanoines se retirèrent, pour la célébration de leurs offices, dans la chapelle construite par Adalbéron ; ils y déposèrent ses restes dans une châsse que l’on plaça à la droite du chœur.

P. F. X. de Ram.

ADALBERT ou ADELBERT, chroniqueur, qui vivait vers 968, remplissait les fonctions d’écolâtre à l’abbaye de Saint-Vincent de Metz et était, selon Trithème, Chron. Hirs., t. I, p. 100, un homme versé dans toutes sortes de connaissances.

Il florissait à Metz dès l’épiscopat d’Adalbéron Ier, qui mourut en 964, et il avait sans doute fait sa profession religieuse dans un autre monastère avant de prendre la direction des écoles de l’abbaye de Saint-Vincent, qui ne fut fondée qu’en 968. Son mérite, sa qualité d’écolâtre, le temps et le pays où il a vécu paraissent fournir à dom Rivet (Hist. litt. de la France, t. VI, p. 395) des raisons suffisantes pour croire que c’est le même qu’Adalbert le Scolastique à la mémoire duquel Gerbert a consacré l’épitaphe suivante :


Edite nobilibus, studium rationis adepte,
Dicit Adalbertum te Belgica flore juventœ,
Stare diu non passa, tulit fortuna recursus,
Bis senos Februi quum produxisset Apollo.


Adalbert était donc né dans la Belgique, d’une famille noble, et il mourut le douzième jour de février, avant d’être parvenu à un âge fort avancé. Il paraît avoir composé plusieurs écrits, dont Trithème n’a connu que la Chronique dédiée par l’auteur à Adalbéron Ier et comprenant la liste des prédécesseurs de ce prélat qui occupèrent le siége de Metz.

On lui attribue aussi un ouvrage intitulé le Miroir (Speculum), qui est un abrége en quatre livres des Morales de saint Grégoire sur Job. Le prologue, renfermant une dédicace à Heriman (Incipit prologus Adalberti levita ad Herimannum presbyterum, etc.), se trouve dans Martène et Durand, Thesaurus nov. anecdot., t. I, p. 84.

P. F. X. de Ram.
  1. Voyez Miræus, Op. diplom., t. I., p. 63.