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tuts est incomplète. Saint Gérard, dans la vie d’Adélard, renvoie sans cesse à ces statuts pour faire admirer la sagesse de son gouvernement et de sa conduite.

2o Capitula Domini Adelhardi abbatis de Admonitionibus in Congregationes. Sous ce titre, Mabillon (Acta SS. ord. S. Bened., t. V, p. 157) a donné la liste de cinquante-deux sommaires des sujets traités par Adélard dans ses discours à ses moines. Le docte bénédictin avait le projet de publier une édition complète des œuvres d’Adélard (op. cit., t. V, p. 308). Paschase Radbert a fait entrer dans la vie du saint des extraits des discours qu’il tenait à ses moines dans sa dernière maladie. Si Paschase n’y a rien changé, on y trouve une diction plus pure qu’elle n’était alors dans l’usage commun, pour exprimer les sentiments d’une foi vive et d’une piété tendre et solide.

3o Le même écrivain a publié, dans son Musœum Italicum, t. I, pp. 54-56, un jugement rendu par Adélard lorsqu’il était ministre ou régent du royaume d’Italie. Ce jugement fut prononcé à Spolète, la cinquième année du règne de Bernard et la quarantième de celui de Charlemagne en Italie, par conséquent quelques jours après la mort de cet Empereur, événement qu’Adélard n’avait pas encore pu apprendre. La pièce en question, au bas de laquelle on lit sa signature avec celles de plusieurs seigneurs du royaume d’Italie, prouve qu’il gouverna ce pays sous Bernard, comme il l’avait fait sous Pepin, son père.

4o Un grand nombre de lettres inconnues aujourd’hui. Alcuin, dans la lettre citée plus haut, presse Adélard de lui écrire aussi souvent qu’il le pourra. Paschase Radbert a conservé le fragment d’une de ses lettres à l’empereur Lothaire (Vita S. Adelhardi, num. 18). Comme ministre, il en écrivit beaucoup aux personnages les plus distingués sur les affaires de l’État ; comme particulier, il en adressa beaucoup d’autres à ses amis. C’est ainsi que nous voyons qu’il écrivit à Paul Warnefride pour lui demander les épîtres de saint Grégoire, pape. Paul lui en envoya cinquante-cinq corrigées de sa main d’après les manuscrits les plus authentiques. C’est pendant son séjour au Mont-Cassin qu’Adélard avait fait la connaissance de Paul Warnefride et qu’il s’était lié d’amitié avec lui.

5o Flodoard, faisant l’énumération des lettres et autres écrits de Hincmar de Reims (lib. III, c. 23), en caractérise un de la manière suivante : Item pro ratione lunæ Paschalis et lectione quam Adalardus abbas inde composuit. Ceci prouve qu’Adélard avait fait un traité, qui n’est pas parvenu jusqu’à nous, sur la supputation des temps pour trouver la lune réglant le jour de la célébration de la fête de Pâques.

6o Le plus important de ses écrits, qui est également perdu, était son traité touchant l’ordre du palais et de toute la monarchie franque. Cet ouvrage, divisé en deux parties, expliquait comment tout se faisait sous les règnes de Pepin le Bref et de Charlemagne. La première partie traitait de l’ordre ou de la disposition du palais, des officiers et de leurs fonctions. La seconde roulait sur le gouvernement de tout l’État, et en premier lieu sur les assemblées solennelles ou parlements qui se tenaient deux fois par année. Hincmar de Reims, ayant été prié par les seigneurs de Neustrie de leur donner des instructions pour la conduite de leur jeune roi Carloman, à qui Louis son frère avait laissé en mourant la France occidentale, leur envoya un opuscule qui a pour titre : Ad proceres regni pro institutione Carolomanni regis, et de ordine Palatii ex Adalardo (Œuvres de Hincmar, édit. de Sirmond, t. II, pp. 201-215). Ce prélat ne crut pouvoir mieux faire que de reproduire en partie le travail d’Adélard ; il en possédait une copie faite de sa main. Dans le titre même de son ouvrage, il cite celui d’Adélard. Dans l’opuscule de Hincmar, on trouve non-seulement de grands principes propres à former un roi, mais aussi d’excellentes maximes pour la direction des affaires de l’Église et de l’État. L’usage que Hincmar a fait du traité de notre saint abbé, est peut-être la cause principale qu’on a négligé de conserver soigneusement le texte original d’Adélard.

P. F. X. de Ram.

ADÉLARD I ou ADALARD, fut le