Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 12.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

écrit, ignorait l’impression que ce noble langage avait produit sur le grand Frédéric, mais Marie-Thérèse, dans une dépêche du 10 février 1742, y reconnut “ le louable zèle, le parfait attachement et l’inviolable fidélité du prince ”.

C’est à Claude-Lamoral que l’on doit la publication d’un travail important, publié par De l’Averdy sous le titre de : Mémoire pour établir en faveur des princes de Ligne le droit de succéder aux états de Lorraine et de Bar, supposé que la lignée directe de Son Altesse Royale duc de Lorraine, du sérénissime prince Charles, son frère, et des sérénissimes princesses , leurs sœurs, vienne à manquer, pour prouver que le même ordre de succession doit être accordé par rapport au grand-duché de Toscane, qui par le traité de paix est subrogé aux états de Lorraine et de Bar (Paris, Charles Osmont, 1739 ; in-4o). Il s’agissait, comme on le voit, de sauvegarder les droits éventuels de la maison de Ligne sur la Toscane, qui venait d’être cédée à la famille ducale de Lorraine (devenue depuis la famille impériale d’Autriche), en échange de la Lorraine même.

Le prince Claude-Lamoral de Ligne mourut le 7 avril 1766. Il s’était allié, le 17 avril 1721, à Elisabeth-Alexandrine Wild et Rheingrafin, fille du prince de Salm, Henri-Othon, qui lui donna trois enfants : Louise-Marie, chanoinesse de Remiremont ; Marie-Josèphe, chanoinesse d’Essen, et le prince Charles-Joseph, qui s’est fait un nom brillant dans les lettres. Quoique cette union n’ait pas été des plus heureuses, ayant été dictée par les convenances plus que par l’affection, car la princesse manquait d’attraits, on ne doit pourtant pas exagérer et attribuer la mort de la princesse aux exigences de son mari, ni croire qu’elle soit morte à la suite de ses dernières couches ; en effet, elle expira le 27 décembre 1739, trois ans après avoir donné le jour au prince Charles.

Je parlerai dans l’article suivant du célèbre prince de Ligne et des enfants que celui-ci eut. Son fils aîné n’eut qu’une fille ; le second, Louis-Eugène Lamoral, mourut avant lui à Bruxelles, le 10 mai 1813. Il avait épousé, le 27 avril 1803, Louise-Joséphine, comtesse Vandernoot de Duras, baronne de Carloo, qui lui survécut un demi-siècle, et se maria en secondes noces avec le comte Ferdinand-Joseph d’Oultremont, mort le 11 mars 1852. L’aîné des fils issus du premier mariage , Eugène-François-Charles-Joseph-Lamoral, prince de Ligne, né à Bruxelles le 28 janvier 1804, parcourut à son tour une brillante carrière. Sous le règne du roi Guillaume, il fut d’abord désigné pour faire partie de l’ordre équestre de la province de Hainaut (13 août 1816), mais il fut rayé de ce corps pour avoir accepté, sans autorisation, la charge de chambellan de l’empereur d’Autriche. La révolution de 1830 le compta d’abord au nombre de ses adhérents et, dans l’entrevue de Vilvorde, au commencement du mois de septembre, il s’éleva énergiquement contre le projet du prince d’Orange d’entrer à Bruxelles à la tête des troupes ; mais il changea de sentiments dans la suite, et fut le premier signataire de la liste de souscripteurs pour le rachat des chevaux du même prince, en 1834, ce qui fut la cause du pillage de son hôtel (situé au coin de la rue de la Loi et de la rue Ducale), par le peuple de Bruxelles. Le prince de Ligne se retira en Autriche, mais revint ensuite en Belgique et accepta, en 1838, du roi Léopold Ier, la mission d’aller le représenter au couronnement de la reine d’Angleterre, Victoria ; en 1842, il devint ambassadeur à Paris, poste qu’il occupa jusqu’en 1848. C’est au retour de son ambassade d’Angleterre que le prince de Ligne, voulant seconder l’ardeur qui se manifestait, à cette époque, pour la connaissance de nos anciennes annales, institua un prix de 2,500 francs pour la meilleure histoire de Bruxelles et provoqua l’apparition de l’histoire de cette ville, par MM. Henné et Wauters, publiée de 1842 à 1845. Entré au Sénat en 1849, le prince fut élevé à la présidence de cette assemblée le 25 mars 1852, et, chaque année, pendant plus d’un quart de siècle, les suffrages de ses