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tiques. Au dire de Paquot, qui en donne la nomenclature, cet auteur ardent et convaincu ne brillait ni par l’urbanité, ni par l’esprit de critique. Son Catalogus omnium hœreticorum, qui n’eut pas moins de sept éditions, révèle surtout ces défauts, assez habituels, du reste, chez les controversistes de son temps. Le cinquième livre de cet ouvrage est une diatribe contre Luther, qu’il accable de toutes les invectives imaginables, lorsqu’il passe en revue ses doctrines et ses actes dont l’Allemagne retentissait alors. Cette dernière partie du Catalogus forme un curieux sujet d’étude pour l’histoire religieuse de la première partie du xvie siècle. Dans l’épître dédicatoire qu’il adresse à l’archevêque de Cologne, Herman de Weda, à la date de 1522, Bernard de Luxembourg prend le titre de : Artium et Sanctæ theologiæ professor. Il semble, en effet, avoir enseigné la théologie à l’Université de Louvain.

Bon de Saint-Genois.

Paquot, Mémoires, t. V. 342. — Sweertius, Athenæ Belgicæ, p. 158. — Neyen, Biographie luxembourgeoise, pp. 61-62. — Foppens, Bibliotheca Belgica, t. I, 136.

BERNARDIN DE GAND, écrivain ecclésiastique, vivait pendant les xviie et xviiie siècles. Voir De Caesteker (Jacques).

BERNEVILLE (Gilebert DE), trouvère, né à Berneville ou à Courtrai, florissait vers 1260. Était-ce quelque chevalier de la cour des comtes de Flandre ? Ne fut-il, comme Adenez, qu’un ménestrel au service de Henri III de Brabant ? Il est difficile de décider ce point. Et cependant on a rarement vu un poëte aussi mêlé que celui-là aux grands personnages et aux grands événements de son époque. Mais, comme le remarque M. Paulin Paris, toutes les dates du xiiie siècle qui ne se rapportent pas à l’histoire générale, et qu’on ne tire pas de l’étude des actes et des instruments publics, ne nous viennent que des gens de religion ; or comme il était difficile que les commémorations pieuses (obituaires, etc.) s’étendissent aux auteurs de chansons et de romans profanes, ceux d’entre eux dont nous connaissons la vie ont eu besoin de la raconter eux-mêmes. Cette occasion ne s’offrait guère à Gilebert, qui paraît n’avoir fait que des saluts d’amour, des jeux-partis et des pastourelles. Peut-être un servantois ou quelque autre pièce politique fera un jour cesser cette incertitude. En attendant, il ne faut pas attacher trop d’importance au nom de Berneville, qui se rencontre aux environs d’Arras, ni même à la mention d’un Jacquemès de Berneville, qui figure dans une réunion tenue en 1309 au château d’Arras, à l’occasion de la nomination de plusieurs échevins.

A supposer même que Gilebert soit né au village de Berneville, il est permis de conjecturer qu’il l’a quitté de bonne heure, pour suivre, comme noble damoisel, les jeux et les tournois de la cour de Flandre.

« En sa deuxième chanson, » dit le président Fauchet, « il montre que sa dame demeurait à Courtrai. » Voici le passage :

Chancons va t’en à Cortrai sans séjour,
Que là dois tu premierement aleir ;
Di ma dame, de par son chantéour,
Se il lui plaist que te face chanteir.
             Quand t’aura oïe,
             Ne t’atarge mie.
             Va sans demoreir
             Erart salueir
             Qui Valery crie.

Cet Erard, seigneur de Valéry, avant d’être connétable de Champagne, avait accompagné, en 1253, Gui de Dampierre dans l’expédition de Hollande. Prisonnier de Florent, il fut délivré par son ami Charles d’Anjou, comte temporaire du Hainaut. Rien de plus romanesque que la vie de ce chevalier, qui tour à tour inspira Rutebeuf et Berneville. (Romancéro français, 120 ; Jubinal, Œuvres de Rutebeuf, I, 360). C’est sans doute pendant son séjour à la cour de Marguerite de Constantinople qu’il vécut dans l’intimité de Gilebert. Mais quelle était, à cette date, la dame des pensées de notre poëte ? Peut-être celle que l’histoire connaît sous le nom de la dame de Courtrai. Béatrice, fille de Henri III de Brabant, veuve du landgrave de Thuringe et de Guillaume de Dampierre, tué au tournoi de Trazegnies (1251), demeurait le plus souvent à Courtrai, parce que la meilleure portion