Bel ; mais à peine eut-il quitté ses terres, que Henri de Luxembourg, favorisant les projets de Renaud de Gueldre, fit irruption dans le pays. Berthout, que le duc avait désigné comme ruwaert de Brabant, pendant son absence, rassembla ses forces pour repousser cette agression imprévue. Il envoya son fils et Arnold de Gaesbeeck au secours de la ville de Grave, qui était menacée. Les agresseurs, n’osant passer la Meuse, se retirèrent devant la petite armée et le duc s’empressa de revenir d’Espagne ; mais étant malade, il fut forcé de s’arrêter à Paris. Le seigneur de Rochi, frère du comte de Luxembourg, qui, lui aussi, tenait pour la Gueldre, profita de son absence pour se rendre maître du château de Lonsies. Berthout, fidèle à ses devoirs, avait déjà envoyé quelques bonnes troupes pour repousser les combattants, quand Jean de Brabant rentra enfin dans son pays et, se mettant à la tête de son armée, fit évacuer le Limbourg aux envahisseurs. Ici s’arrête la longue carrière de Gauthier Berthout, surnommé le Grand, qui mourut l’an 1286.
Quelques annalistes soutiennent que Marie d’Auvergne serait décédée en 1243 et que Gauthier le Grand convola en secondes noces avec Marie de Lumay, de la famille des comtes de la Marck, et dont serait issue Sophie ; mais cette opinion n’est pas généralement admise.
BERTHOUT (Gauthier IV) succéda à son père en 1286. Il avait épousé Alix de Guines, fille du comte de Guines et d’Alice de Coucy. Imbu des principes de sa race, il marcha dans la même voie que son devancier ; déjà il avait combattu pour le duc Jean, sous la bannière brabançonne, et avait remplacé son père, trop âgé, dans le commandement de l’armée. Plus tard, quand il se trouva à la tête de ses États, il porta le même dévouement aux intérêts du duc.
Du vivant de son père, nous voyons Gauthier IV intervenir avec celui-ci dans plusieurs chartes, notamment dans celles de 1281 et de 1282, données en faveur de la commanderie de Pitzembourg, ainsi que dans un diplôme, en 1283. Cette intervention du fils dans les actes émanant de son père peut se comprendre : Gauthier le Grand, absorbé par le soin qu’il donnait aux affaires du Brabant, avait peut-être, vu son grand âge, abandonné à son fils les droits qu’il exerçait dans la seigneurie de Malines ; peut-être aussi, pour consolider davantage le pouvoir, donnait-il de son vivant l’administration de la seigneurie à son successeur ?
Rien ne constate qu’il y ait eu des rapports entre Gauthier IV et l’évêque de Liége, alors Jean de Flandre. L’autorité des princes-évêques semblait entièrement méconnue à Malines, et ces prélats, trop faibles pour soumettre la puissance des Berthout, qui s’appuyaient sur les ducs de Brabant, se virent forcés de renoncer momentanément à leurs prétentions.
La guerre entre le duc de Brabant et le comte de Gueldre était encore engagée. Fidèle à la cause brabançonne, Gauthier suivit le duc Jean sous les murs du château de Woeringen. Le 5 juin 1288 eut lieu cette célèbre bataille : dès le commencement de l’action, Berthout, emporté par son cheval, fut jeté au milieu des ennemis ; accablé par le nombre, il succomba dans la mêlée sans que son corps pût être retrouvé. Gilles Berthout prit immédiatement la place de son neveu et porta noblement la bannière de sa race.
BERTHOUT (Jean), avoué et seigneur de Malines, succéda à son père, Gauthier IV, en 1288. Sans pouvoir préciser son âge, on peut dire qu’il était encore trop jeune à l’époque où il remplaça son père pour exercer par lui-même les fonctions d’avoué et pour soutenir les droits que ses ancêtres s’étaient créés dans la seigneurie. Il eut pour tuteur Florent Berthout, son oncle. C’est ce qui fut cause que le nom de Jean Berthout ne parut point pendant quelques années dans les chartes.
Le dévouement des Berthout pour la maison de Brabant ne cessa d’exister : nous voyons Florent intervenir dans plusieurs actes du duc Jean, entre autres dans l’ordonnance de 1290, connue sous le nom de Land keuren.
Le premier diplôme concernant la sei-