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Ypres, dans l’exercice du ministère et la composition de livres de piété.

La peste qui s’était déclarée en Flandre, faisait surtout des ravages à Courtrai. Bisschop demanda et obtint la permission de pouvoir s’y rendre pour soigner les malades atteints du terrible fléau qui le frappa bientôt lui-même, âgé à peine de cinquante ans.

Nous avons de lui : Den Lof der suyverheyt, ouvrage divisé en trois livres et dont il parut successivement trois éditions à Anvers, en 1625, 1626 et 1627.

F. Vande Putte.

BIVOORDE (Louis VAN), poëte latin, né à Rhode-Saint-Pierre, au xve siècle. Voir Louis van Bivoorde.

BLADELIN (le chevalier Pierre), surnommé Leestemaker[1], né probablement à Bruges dans les premières années du xve siècle, mort le 8 avril 1472. Sa famille était originaire de l’ambacht de Furnes, où plusieurs de ses membres avaient rempli avec honneur des fonctions municipales, tandis que d’autres occupaient des places distinguées dans le chapitre de Saint-Donat, à Bruges. Orphelin de bonne heure, Pierre se vit à la tête d’une fortune considérable qu’il augmenta de beaucoup par son mariage avec Marguerite Van de Vageviere, d’une naissance aussi noble que la sienne. Mais la régularité de sa conduite, le grand sens et l’esprit d’ordre qu’il montrait dans l’administration de ses biens attirèrent davantage sur lui l’attention de ses concitoyens et de son prince, le duc de Bourgogne. Déjà en 1436, on lui avait confié l’administration des finances communales, et les Acquits de la recette générale, qui se conservent aux archives du royaume, prouvent qu’il était receveur du bon duc en 1442. De grands abus régnaient encore dans l’administration des finances et beaucoup de subalternes y trouvaient moyen de s’enrichir ; mais le chevalier ne tint aucun compte de leurs doléances et rétablit un ordre parfait dans son département. Aussi fut-il créé peu après membre du conseil et maître d’hôtel de Philippe le Bon. Habile diplomate autant qu’administrateur intègre, il avait plus d’une fois rempli, à la satisfaction de son souverain, des missions de haute importance. C’est ainsi qu’il fut chargé, conjointement avec Olivier de la Marche, de négocier la mise en liberté du duc d’Orléans, depuis longues années prisonnier des Anglais, et qu’il conduisit à bonne fin une affaire à laquelle se rattache la plus belle page de l’histoire du bon duc. Au milieu de ces honneurs et d’une opulence honorablement acquise, Bladelin se convainquit que son mariage demeurerait stérile : de concert avec sa femme, il résolut donc d’employer ses richesses à une œuvre importante et durable. En effet, il ne s’agissait de rien moins que de bâtir à leurs frais une ville nouvelle. Bladelin racheta d’abord de son beau-frère un vaste domaine, ancienne propriété de l’abbaye norbertine de Middelbourg et situé dans la paroisse de Heyle, entre Ardenburg et Moerkerke ; il y ajouta le fief d’Aertryke et quelques fermes, car il était, dit Chastellain, « rice des biens de fortune oultre mesure. » Après avoir obtenu de Philippe le Bon la permission et l’octroi nécessaires pour l’exécution de son entreprise, il mit la main à l’œuvre et, comme toutes les mesures étaient prises d’avance, toutes les dépenses calculées, on construisit à la fois le château et l’église. Ces bâtiments n’étaient pas achevés encore, quand le fondateur obtint du bon duc pour sa ville naissante l’octroi d’une foire franche pendant six jours tous les ans. Six ans plus tard, les principaux travaux de la ville étant terminés et l’église consacrée sous l’invocation de saint Pierre, patron de Bladelin ; il y établit un collège de six plébendiers ou bénéficiers, dont le premier était le chantre, un curé, deux chapelains et deux clercs, et il dota convenablement ce modeste chapitre. Ces soins ne l’empêchaient pas toutefois de bien remplir ses fonctions à la cour et de rendre au duc des services signalés. C’est ainsi qu’il contribua puissamment, de concert avec le célèbre Louis de la Gruthuuse, à retenir Bruges dans la fidélité du prince pendant la ré-


  1. Ce surnom lui vint du château de Leest qu’il avait construit sur la Lieve et dont le nom se conserve dans le Leestjesbrugge.