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Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/279

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l’Agneau des Van Eyck. C’étaient deux hommes de talent, il est donc probable qu’en enlevant l’épaisse couehe de poussière qui avait envahi le chef-d’œuvre, en rendant à celui-ci son brillant éclat, ils respectèrent l’œuvre primitive de l’auteur et exécutèrent leur mission avec une scrupuleuse conscience. On sait qu’elle eut l’approbation des chanoines de Saint-Bavon et que Jean Schoreel reçut, en témoignage de leur satisfaction, une coupe en argent. C’est Lancelot Blondeel qui a fourni les dessins de la célèbre cheminée, ornement principal de la salle où se réunissait autrefois le magistrat du Franc de Bruges. Cette magnifique cheminée a été reproduite des centaines de fois par la gravure.

Comme ingénieur, Blondeel dressa un plan qui, malheureusement, peut-être, ne fut point exécuté : il s’agissait de l’établissement d’un port de mer entre Heyst et Knocke, avec des canaux communiquant directement avec Bruges, Damme et l’Ecluse. Ce plan, soumis au magistrat de Bruges, en 1556, ne fut point adopté ; il est probable que la grandeur des dépenses effraya les tuteurs de la ville.

Lancelot Blondeel a gravé sur bois avec talent ; il existe de lui de grandes figures et une suite de huit planches, avec des paysans dansant, fort bien dessinées. Il mourut en 1560. Un vieux poëte brugeois contemporain, Edouard de Dene, composa pour notre artiste l’épitaphe suivante :

Hier light ’t vleesch begraven van Landsloot Blondeel
Voormaels werckman geweest met matsers truweel
Grooten konstenaere schilder geworden daer naer
Reijn navolger in Pictura Apelles pinceel
Wettenlijck inde Architecture geheel
LXV jaer gheleeft onder ’sweerelds gorreel
Vierden maerte smaeckte doods morseel
Als men schreef duijst vijf hondert ende sestigh jaer
Hij es vooren wij moeten al volgen naer
Al dat ’t leven ontfaen heeft moet zeker eens sterven
God maecke sijn ziele in Christo claer
Dat die magh zalig verrijsen vruchtbaer

          Uijt alle bezwaer.

Ci-git la chair de Lancelot Blondeel
Auparavant ouvrier avec la truelle du maçon
Devenu plus tard grand artiste peintre
Par imitateur dans la peinture du pinceau d’Apelles
Très-savant dans l’architecture
Vécut soixante-cinq ans sous le harnais du monde
Le 4 mars goûta l’amerture de la mort
Quand on écrivait mille cinq cent soixante (v. s.)
Il a pris les devants nous devons tous suivre
Tout ce qui a reçu la vie doit certainement mourir
Dieu éclaire son âme dans le Christ
Qu’elle puisse ressusciter bienheureuse pour son salut

          Delivrée de toute peine.

Ad. Siret.

BLONDEL (Antoine), plus connu sous le nom de baron de Cuincy ou de Cunchy, poëte, né à Tournai, vers 1550, mort le 18 juin 1603. Il était fils de Jacques Blondel, gouverneur du Tournaisis, et de Marie Le Blanc. Il épousa Madeleine de Bercus et eu eut plusieurs enfants. Non moins favorisé par la fortune et son rang social que par de remarquables dispositions naturelles, il fit de bonnes études et se distingua également par son goût pour la musique et par son aptitude à tous les exercices de corps qui formaient, jadis, l’éducation d’un gentilhomme. Après avoir résidé assez longtemps en Italie, où il trouva à développer ses goûts artistiques, Blondel revint dans sa patrie et alla se fixer dans son château de Cuincy près de Douai. Il y fonda, le 20 septembre 1593, ce fameux cercle littéraire connu en Flandre, en Artois et en Picardie sous la dénomination de Banc poétique du baron de Cuincy. « Là, dit M. Dutilhœul, Blondel attira auprès de lui les beaux esprits des contrées environnantes, les artistes, les peintres, les musiciens. Lui-même touchait le luth avec talent et composait des vers et des chants amoureux que lui inspirait sa passion pour une jeune beauté dont Sanderus parle comme d’une nouvelle Laure. »

Les séances de cette société d’élite, consacrées à la musique et à la danse, se tenaient dans la belle saison et sous les frais ombrages du château. Blon- del s’efforçait d’y faire revivre l’esprit, le charme, l’élégance, la correction de diction qui l’avaient séduit en visitant les différentes cours d’Italie. Tous les lettrés des environs, hôtes habituels de ces fêtes, se plaisaient à rendre hommage à la munificence presque princière et aux talents poétiques de Blondel. Les encouragements qu’il ne cessait de prodiguer aux arts et aux lettres étaient, en effet, dignes des éloges qui retentissaient autour de lui. Poëte correct, mais plein du style maniéré du temps, il a laissé beaucoup de compositions en vers, dont quelques-unes ont été publiées avec celles de Claude de Rosinbos. Dans les œuvres de son ami, Jean