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Belgisch Museum, IV, p. 254. — 5° Die dietsche doctrinale[1] ou le Doctrinaire flamand, poëme didactique en trois livres, achevé à Anvers au mois de juin de l’an 1345, et dédié au duc Jean III, est généralement attribué à Jean Boendale; il est conçu dans le même langage et la même versification que ses autres ouvrages.

On a aussi attribué à notre auteur le poëme d’Ogier le Danois, parce qu’il est nommé dans la traduction allemande Johan die Cleric; mais, à en juger par la langue et les idées, cette œuvre est antérieure au XIVe siècle; elle date de la période des poëmes de chevalerie, comme le démontrent les quelques fragments publiés par J.-F. Willems dans le Belgisch Museum, II, p. 334, sous le titre : Fragmenten van den ridder roman Ogier van Denemarken.

Ph. Blommaert.

BOENE (Corneille), ou BOONE, sculpteur, florissait à Gand, au XVe siècle. Il était né, selon certains indices, vers 1415, et mourut en 1492. Quelques biographes ont cru qu’il était aussi peintre, c’est-à-dire qu’il enluminait lui-même ses oeuvres sculptées; mais nul document n’est apporté à l’appui de cette assertion; aucune production picturale n’est connue de ce tailleur d’images, mentionné néanmoins comme ayant reçu l’instruction plastique dans l’atelier du peintre gantois Jean Martins. Admis maître sculpteur, à Gand, en 1445, il était déjà affranchi dans le métier des menuisiers, puisqu’en février 1444 (1443 v. s.) il construisait la table de la provisorerie des pauvres en l’église de Saint-Michel, à Gand. Cette table de distribution de pains et d’aumônes, avec stalles à dossiers élevés et ornementés, provoqua, peut-être, son entrée dans la section sculpturale de la corporation artistique. En 1447, il entreprit pour l’autel de Notre-Dame, dans l’église de Nazareth, village entre Gand et Audenarde, la confection d’un retable sculpté, où étaient représentées les cinq fêtes de la Vierge : la Nativité de Marie, l’Annonciation, la Conception, la Purification et l’Assomption. Ce retable était couronné d’un tabernacle à dais, destiné à la statue de la Vierge Mère. Il fit pour le même temple une chaire de vérité, dont les panneaux ornés offraient en haut-relief les bustes des quatre évangélistes. En 1450, le serment de la corporation des peintres et des sculpteurs, à Gand, le chargea d’importants travaux de parachèvement ou de restauration à exécuter au retable de leur chapelle de Saint-Luc, dans l’église des Jacobins (Dominicains). Ce retable figurait les Scènes épisodiques du Calvaire. Les travaux n’ayant pas été terminés à l’époque fixée par son engagement, il fut condamné par les doyens du métier et les échevins à les finir à prompt délai, sous nantissement de l’amende comminatoire de cinq cavaliers d’or. Les comptes communaux de Gand, de 1451-1452, rapportent, à la rubrique des frais de l’artillerie et des engins de guerre, que Me Corneille Boene dirigea la construction d’un grand engin, surnommé l’Ours et composé de couleuvrines et de crapaudines (coleueren ende crapaudeelen). Les Gantois s’en servirent pour fortifier l’une des portes de leur ville, durant la lutte insurrectionnelle soutenue contre Philippe le Bon. Dans les livres aux actes scabinaux est mentionné, en 1456, la livraison par Corneille Boene d’un de ces anciens lits en bois de chêne, si bien menuisés et taillés.

De temps immémorial la commune gantoise offrait annuellement, lors de la procession de l’élévation de la sainte croix, un riche baldaquin, à Notre-Dame la Flamande, vénérée dans la cathédrale de Tournai. Les échevins du chef-collége, voulant en assurer la confection artistique, confièrent, en 1454, et jusqu’à révocation par leurs successeurs dans la magistrature urbaine, l’ornementation sculpturale à Me Corneille Boene et les peintures décoratives à Me Nicolas Vander Meersch, maintefois doyen de sa

  1. Publié par le Dr W.-J.-A. Jonckbloet sous le titre : Die dietsche doctrinale van den jare 1345, toegekend aen Jan Deckers, clerk der stad Antwerpen. ’s Gravenhage, 1842, in-8o, p. 375. — Le manuscrit portait en lettres gothiques Jan De Clerc, que l’éditeur prit par une lecture fautive pour Jan Deckers. Il existe une édition de cet ouvrage, datée de Delft, l’an 1489.