teresse, formidable déjà par elle-même, était soutenue par plusieurs forts avancés dont on voit encore les vestiges. Cependant, elle ne put résister aux efforts réunis des milices de Huy, Dinant, Fosses et Waroux. Malgré la défense opiniâtre que Guillaume II leur opposa, le château fut pris. Mais les ennemis ne s’y maintinrent que quatre jours. Le sire de Spontin, ayant réuni les garnisons disséminées dans ses fortins, prit l’offensive et ne tarda pas à se rendre de nouveau maître du château paternel.
Ce fut là le dernier acte de sa vie militaire. Il mourut le 16 février 1321, et ses restes furent déposés dans l’humble église de Spontin, sous une dalle où se trouvent gravés, outre son blason répété aux quatre angles du monument, ces mots :
li Ardenoys, ki fut Sires de Spontin.
Sous la même dalle repose sa femme, Ada de Sombreffe.
BEAUFORT-SPONTIN (Guillaume III, DE), sire de Spontin, de Gedinne, de Brumagne, etc., dit l’Ardennais. Homme de guerre, xive siècle. Il était fort jeune encore lorsqu’il succéda, le 17 juillet 1326, à son père Jacques de Beaufort, sire de Spontin. Cependant il avait déjà atteint sa majorité en 1339 ; car ce fut en cette année qu’il releva, du comte de Luxembourg, la seigneurie paternelle par-devant la cour du baillage souverain de Poilvache. Si dans le registre aux actes de dénombrement des fiefs de ce baillage il se trouve désigné par le même surnom l’Ardenoys sous lequel son aïeul avait été connu du chroniqueur de la bataille de Woeringen, Guillaume III ne le cédait point, comme homme de guerre, à son belliqueux ancêtre. Mais c’est sous la bannière de Namur qu’il devait continuer la renommée de bravoure que Guillaume II avait attachée à son nom. En effet, Jean l’Aveugle, comte de Luxembourg, avait vendu, en 1342, la prévôté de Poilvache, dont le fief de Spontin était une dépendance, à la comtesse douairière de Namur, Marie d’Artois. Cette circonstance et une parfaite conformité d’esprit chevaleresque firent s’attacher le jeune sire de Spontin à Robert, l’un des fils puînés de Marie d’Artois et frère du comte Guillaume Ier.
Tous deux aspiraient d’une égale ardeur à montrer leur épée dans quelque grande entreprise militaire. L’esprit sans doute préoccupé des merveilleux exploits dont les chants de geste des trouvères avaient placé le théâtre en Orient, ils se tournèrent de ce côté, bien que le mouvement des croisades eût cessé depuis un demi-siècle et que la puissance chrétienne en Orient se trouvât réduite à la possession des îles de Rhodes et de Chypre. Nous ne possédons guère de détail sur le voyage qu’ils accomplirent en Palestine. Seulement nous savons par le témoignage de Froissart (liv. I, chap. CCL, édit. Kervyn de Lettenhove), qu’ils visitèrent ensemble le mont Horeb, le mont Sinaï, de même que le saint sépulcre, et que, dans le voisinage des tombes historiques où reposaient les restes des deux premiers rois latins de Jérusalem, Robert de Namur reçut des mains du sire de Spontin les honneurs de la chevalerie. Ils furent de retour en Europe en 1347.
Rentré à Namur, Robert apprit que les Anglais venaient de mettre le siége devant Calais. Partageant l’animosité que sa mère nourrissait contre la France depuis que son frère Robert d’Artois s’était vu forcé de s’expatrier, il réunit une troupe de vaillants hommes d’armes et courut offrir son bras à Édouard d’Angleterre. Parmi eux ne pouvait manquer de se trouver son parrain d’épée, Guillaume de Spontin. Malheureusement, ils n’arrivent pas à temps pour prendre part à la bataille de Crécy, ni à aucun autre fait militaire ; car la ville de Calais se rend aux Anglais, puis une trêve intervient qui doit se renouveler successivement jusqu’en 1350. De sorte que les jeunes guerriers namurois eussent été déçus dans l’espoir de se signaler par quelque action d’éclat, si un incident n’était survenu qui leur permit de montrer ce qu’ils valaient. Pendant la lutte qui venait d’avoir lieu, une foule de corsaires espagnols n’avaient cessé de courir sus aux navires anglais et de les mettre au pillage. Mais, une fois la guerre suspendue en France,