Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/349

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liques, celle de Hageveld fut fermée aussi par suite des funestes arrêtés de 1825, quoique le fondateur comptât de nombreux amis haut placés et même influents à la cour. Le roi Guillaume, que le caractère aimable et conciliant du jeune prêtre avait porté à croire qu’il l’amènerait aisément à ses vues, lui offrit la présidence du collége philosophique. Le prince se trompait. « Si le collége était établi avec le consentement du corps épiscopal et soumis à son autorité, répondit respectueusement l’abbé, j’en accepterais volontiers la direction, dont cependant je n’ignore pas les difficultés , mais je ne puis concourir à fonder un établissement renouvelé de Joseph II. » Sa franchise ne parut point blesser le roi, mais elle n’ébranla pas non plus ni ne modifia son opinion. Cet entêtement donna naissance à la célèbre union des catholiques et des libéraux, dont les droits étaient également méconnus, mais qui ne pouvait tendre alors qu’au redressement des griefs de la nation. Le fondateur du Hageveld y prit part avec tous les ennemis de l’oppression et de l’arbitraire. Justement effrayé alors, le gouvernement parut reculer; il promulgua le concordat conclu depuis quelque temps avec le pape Léon XII, et agréa pour les provinces méridionales trois nouveaux évêques, parmi lesquels l’abbé Van Bommel était désigné pour le diocèse de Liége. Cependant Guillaume n’agissait pas de bonne foi et reprenait d’une main ce qu’il semblait accorder de l’autre. C’est à cette occasion que l’élu de Liége publia, sous le titre de Trois chapitres sur les arrêtés du 20 juin 1829, un travail qui fit grande sensation. Il parut sous le voile de l’anonyme, mais peu de personnes en ignoraient l’auteur : il en avait fait remettre des exemplaires au roi et aux ministres et en agit de même pour son Essai sur le monopole de l’enseignement aux Pays-Bas, qui parut peu après.

Sacré évèque dans sa cathédrale le 15 novembre 1829, le nouveau prélat s’était à peine rendu compte de l’état de son vaste diocèse, quand éclata la révolution belge. Il n’y prit part que pour recommander à ses diocésains le maintien de l’ordre et de la tranquillité publique. Mais, quand les grandes puissances reconnurent l’indépendance de la Belgique, il se soumit au nouvel ordre de choses. En l’accusant de ne pas s’être retiré en Hollande, ses détracteurs ont prouvé qu’ils ignoraient les lois de l’Église et les devoirs d’un premier pasteur.

C’était une tâche bien ardue que celle de réorganiser un vaste diocèse privé de son évêque depuis plus de vingt ans, dont le chapitre était presque éteint, le séminaire réduit à un petit nombre d’élèves et les colléges détruits : mais grâce à une grande unité de vues, à une intelligence peu ordinaire et à un travail constant, le nouvel évêque, secondé par un excellent vicaire général, M. Barrett (voir ce nom), sut faire face à tout. Le nombre des chanoines fut heureusement complété et l’enseignement clérical, à tous ses degrés, établi sur les meilleures bases et dirigé par des règlements qui furent adoptés comme des modèles en des pays étrangers; surtout ceux du petit séminaire fondé à Rolduc, mais transféré plus tard à Saint-Trond. L’enseignement élémentaire, confié à des corporations religieuses, ne fut pas moins amélioré et différents catéchismes, composés avec le plus grand soin et proportionnés à l’âge des enfants, vinrent garantir le progrès de l’instruction religeuse. Ce fut encore sur la proposition de Mgr Van Bommel que les évèques belges prirent, en 1833, la résolution de fonder une université catholique.

Tant de travaux importants n’empêchaient pas l’infatigable prélat de remplir avec zèle les fonctions de l’épiscopat. Il prêchait fréquemment à Liége et dans les églises rurales qu’il parcourait dans ses tournées de confirmation; il traitait avec ampleur des principales vérités de la religion dans ses mandements, qu’on a recueillis en trois volumes[1] et il tint un synode provincial, dont les statuts marqués au coin d’une haute

  1. Le troisième volume est complété par les pièces funébres, le nécrologe par M. Lonay, etc., et a été publié par M. Vanderryst.