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de Nicolas de Bourgogne, conseiller de Henri de Bourbon (depuis roi de France) et d’Anne Robyns; mort à Bruxelles le 4 janvier 1649. Il était issu de la maison princière de Bourgogne par un bâtard de Jean de Bourgogne. Ayant achevé ses cours d’humanités au collége d’Houdoin à Mons, il vint à Louvain étudier les belles-lettres et le droit. Ses rapides progrès lui concilièrent l’amitié de ses principaux professeurs, Gérard de Courselle et Erycius Puteanus (Henri Vandeputte). Il nous reste un de ses discours qu’il a prononcé dès 1611[1]. Pourvu du grade de licencié en droit, il s’établit à Gand comme avocat et y resta jusqu’en 1627. Dans cette ville il acquit l’estime et la confiance particulière des poëtes Pierssenaeus et Maximilien De Vriendt et prononça, en 1615, l’oraison funèbre de ce dernier. Ces liaisons lui inspirèrent, sans doute, le goût de la poésie dont ses Poëmata, pubiés en 1621, nous fournissent la preuve[2]. Favorisé par une forte clientèle, il devait rencontrer de nombreuses difficultés dans l’interprétation des différentes coutumes du comté de Flandre, notamment dans leur application avec les lois étrangères concernant l’état et la capacité des personnes et l’exécution des contrats. Pour éclaircir cette matière, il composa un ouvrage sous le titre Controversiæ et en soumit le manuscrit à son ancien maître, De Courselle; celui-ci lui reconnut le plus grand mérite et en conseilla l’impression qui eut lieu à Anvers en 1621. Ce que Burgundus dit dans le Prologium de ce livre de l’origine des lois municipales et de l’influence qu’il attribue aux climats est suranné, mais l’ouvrage se compose de quinze traités, et les sept premiers ont fait justement la réputation de l’auteur. Ils traitent de la nature et de la distinction des statuts personnel, réel et mixte, de la forme et de l’exécution des contrats, et de la valeur des jugements à l’étranger. Bartole, d’Argentrée, Dumoulin et Zoës n’avaient traité qu’accessoirement ces points. Burgundus réfute ces auteurs, les surpasse et systématise fort bien les cas où des motifs de convenance commune peuvent faire admettre l’application des lois étrangères. Il déclare lui-même vouloir écrire pour la pratique et non pour les disputes des écoles et des docteurs. Il comblait si bien la lacune existant alors dans la jurisprudence, qu’aujourd’hui encore son autorité est invoquée par tous ceux qui traitent du droit international. Aussi Rodenburg, Paul Voet, Abraham à Wesel et Boullenois qui l’ont suivi dans cette voie, reconnaissent son mérite, la supériorité de ses doctrines et le placent parmi les jurisconsultes du premier rang. L’ouvrage fut bientôt réimprimé et ne tarda pas à se répandre en France, où il était très-estimé.

En 1625, Bourgogne exerça encore sa verve poétique en faisant une élégie sur le mariage d’un de ses amis, Gaspard Gevaert, jurisconsulte et greffier à Anvers[3]. La réputation de profond jurisconsulte que l’ouvrage des Controversiæ et ses succès au barreau méritaient à Bourgogne, lui ouvrirent au mois de juin 1627 l’Université d’Ingolstadt; il y occupa la chaire ordinaire du Code que Viglius avait illustrée et à laquelle étaient attachés des émoluments considérables. La même année, il reçut le bonnet de docteur et bientôt après le duc de Bavière lui conféra les titres de conseiller d’État, de comte palatin et d’historiographe. C’est en 1621 que Bourgogne, par les conseils du chancelier Peckius, entreprit d’écrire l’histoire de la Belgique; ses occupations l’ayant empêché de continuer ce travail, il se borna à en publier, en 1629, à Ingolstadt, un fragment qui embrasse neuf années de la révolution du XVIe siècle[4]. Il dit avoir eu en mains les papiers des présidents Viglius et Tisnacq et toutes les lettres écrites par Philippe II

  1. Oratio de gradibus ad eloquentiam dicta Lovanii, dans la Palœstra bonœ mentis d’Erycius Puteanus. Lovan., 1611, in-4o; id. Francof., 1615, in-12.
  2. Poëmata : Heroicorum, lib. I. Elegiarum, V. Silvarum, II. Antv. 1621, 16.
  3. Epithalamium in nuptias Gasparii Gevartii... accedit in easdem nuptias elegia per Nic. Burgundium. Antv., 1625, in-4o.
  4. Historia Belgica... ab anno 1558 (ad annum 1567 à l’arrivée du duc d’Albe). Ingolstadt, 1629, in-4o : ib., 1633, in-12; id., Halae et Magdeb., 1708, in-4o.