Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/448

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jointe à son zèle pour l’étude, confirma sa vocation. Un obstacle l’arrêta dans sa carrière. Il venait de terminer sa seconde latine, quand l’invasion française supprima en Belgique tous les établissements religieux. Le collége de Furnes fut fermé et le jeune Boussen se retira chez ses parents. Tout en continuant ses études humanitaires sous la direction d’un maître expérimenté, il s’occupa dans les bureaux de son père, d’affaires ressortissant à l’administration civile et ce travail lui devint très-utile dès son entrée dans le sacerdoce.

Après la conclusion du concordat, en 1801, les séminaires furent réouverts; Boussen se présenta à celui de Gand et fut ordonné prêtre, en 1805, à l’âge de trente et un ans. Son évêque, Mgr Fallot de Beaumont, ayant apprécié ses belles qualités, le nomma son secrétaire et l’admit dans son intimité. Le diocèse de Gand, embrassant les départements de l’Escaut et de la Lys, comprenait une population très-nombreuse. Il fallait une activité extraordinaire pour suffire aux labeurs de cette vaste administration avec un personnel très-restreint; mais le jeune secrétaire se multipliait, suffisait à tout et sut s’attirer la confiance et l’estime de tout le clergé. La paix, rendue à l’Église par le Concordat, fut bientôt troublée dans le diocèse de Gand. Le premier consul, devenu empereur, ne s’entendait plus avec le chef de l’Église; Pie VII était captif à Savone; le concile de Paris, réuni en 1811, ayant rejeté les propositions de l’Empereur, plusieurs évêques encoururent son indignation et son courroux. De ce nombre, fut le prince Maurice de Broglie, successeur de Mgr Fallot de Beaumont à l’évêché de Gand, Incarcéré d’abord à Vincennes, puis déporté à Baume et ensuite à l’île Sainte-Marguerite, on le força à donner sa démission. Boussen, confirmé dans ses fonctions de secrétaire par Mgr de Broglie, fut associé dès lors aux revers et aux persécutions de ce prélat courageux. L’Empereur avait nommé à l’évêché de Gand M. De la Brue de Saint-Bauzile, sans consulter, le saint-siége. La démission de Mgr de Broglie étant considérée comme nulle et invalide, parce qu’elle était donnée durant la captivité du prélat, le clergé ne voulut pas reconnaître le nouvel évêque nommé. M. Boussen repoussa les offres faites par l’intrus de continuer auprès de sa personne les fonctions de secrétaire. Cette fidélité lui valut le courroux de M. De la Brue et il fut obligé de se cacher pour se soustraire à des actes de violence. Les vicaires généraux Goethals et Martens, fondés de pouvoirs de Mgr de Broglie, s’adjoignirent comme secrétaire M. Boussen; ils se tenaient cachés et, du fond de leur retraite, ils continuèrent à administrer le diocèse jusqu’au retour de l’évêque légitime, après la chute de Napoléon Ier, en 1814.

La tranquillité ne régna pas longtemps dans le diocèse. Le nouveau souverain du royaume des Pays-Bas avait fait insérer dans la Loi fondamentale des clauses contraires aux droits et aux libertés de l’Église. L’évêque de Gand, après avoir tenté inutilement, par des moyens de persuasion, d’empêcher les empiétements du pouvoir, dénonça les vices de la Loi fondamentale à l’opinion publique et s’opposa au serment prescrit. Le roi, irrité, voulut se venger de la résistance de Mgr de Broglie, qui s’enfuit en France. Cependant le gouvernement condamna l’évêque par contumace, fit afficher la sentence à un poteau et déclara l’évêque mort civilement et son siége vacant. L’évêque administra son diocèse par ses vicaires généraux, assistés du secrétaire Boussen. Ceux-ci furent arrêtés, incarcérés et traduits devant le tribunal de Bruxelles, qui les acquitta par sentence du 13 mai 1821. Le retour des inculpés à Gand leur valut une ovation publique, ils furent conduits en triomphe à leur demeure. L’évêque étant décédé la même année, M. Boussen fut confirmé dans ses fonctions de secrétaire par les vicaires capitulaires. On peut dire sans exagération qu’il fut l’âme de l’administration diocésaine durant les huit années que dura la vacance du siége. Mgr Vandevelde, sacré évêque de Gand le 8 novembre 1829, reconnut les longs et