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Charles-Quint dans son voyage en Angleterre, et les registres de la chambre des comptes nous apprennent qu’il offrit aux chanteurs de la chapelle d’Henri YIII, à Cantorbery, un banquet dont les frais lui furent remboursés à son retour en Belgique. Enfin, par un décret daté de Worms, le 12 mai 1521, Henri Bredeniers est investi de la dignité de prévôt, la plus haute du chapitre de l’église de Saint-Aubain, à Namur. Ce témoignage suprême de la faveur impériale assurait à l’artiste une existence des plus honorées au milieu de ses concitoyens. Il n’en jouit pas longtemps, car le 27 avril 1522, Bredeniers ayant résigné cette dignité, maître Jean Haneton fut nommé prévôt de Saint-Aubin par l’empereur, en son remplacement. Aucune mention de l’artiste ne se rencontre plus dès lors dans les registres de la chambre des comptes.

Pendant les vingt années qu’il passa à la cour de Philippe le Beau et de Charles-Quint, Bredeniers eut l’occasion de faire quelques épargnes. A plusieurs reprises il acheta des rentes sur la ville d’Anvers, notamment, en 1517, une rente de 100 florins carolus qu’il donna en dot à sa fille Jossine, lors de son mariage avec un marchand nommé Rombout Borreman. Deux autres rentes, achetées primitivement par Bredeniers, appartenaient au chapitre de Lierre, en 1549. Enfin, les intérêts d’une rente viagère acquise et placée par lui sur la tête de sa fille précitée, en 1513, furent payés par la ville d’Anvers, jusqu’au 13 juin 1595, jour de la mort de celle-ci.

Sa réputation d’habileté sur l’orgue était si bien établie qu’on venait fréquemment solliciter ses conseils; c’est ainsi que les directeurs de la confrérie de la Sainte-Vierge à l’église Notre-Dame d’Anvers, ayant fait reconstruire sans succès, en 1505, les orgues de leur jubé par le facteur Daniel Vander Distelen, ils durent, en 1509, les donner à refaire à un facteur nommé maître Hans Suys, qu’ils firent venir de Nuremberg. Henri Bredeniers fut ensuite appelé à Anvers à deux reprises, en 1513, afin de les examiner avant leur réception. Lors de ces séjours, l’habile organiste fut fêté par ses anciens confrères, et reçut, en outre, un présent de huit aunes de velours noir, pour s’en faire un manteau.

Bredeniers eut, on le voit, une carrière des plus heureuses. Il fut à la fois estimé de ses égaux et honoré des princes. A des connaissances musicales étendues qui lui permettaient d’enseigner et le chant et presque tous les instruments en usage au seizième siècle, il joignit un talent distingué de compositeur. Malheureusement, un bien petit nombre de ses œuvres sont venues jusqu’à nous. M.Fétis ne cite que les suivantes : Un motet à cinq voix, Misit me Pater, inséré dans les Ecclesiasticæ cantiones, sex, quinque et quatuor vocum, publiées à Anvers, chez Plantin, petit in-quarto oblong, et une messe à quatre voix, Ave Regina Cælorum, dans un manuscrit de la Bibliothèque royale de Belgique. La date du décès d’Henri Bredeniers est inconnue.

Chev. L. de Burbure.

Archives à Anvers et archives de l’État à Namur. — Alex. Pinchart, Archives des arts, etc. — Fétis, Biogr. universelle des musiciens, 2e édit.

BRÉDERODE (Henri DE), né à Bruxelles en 1531, de Renaud II, comte de Bréderode, et de Philippine de la Marck, sœur du célèbre Érard, cardinal, prince-évèque de Liége. Les Bréderode descendaient des anciens comtes de Hollande et affichaient ouvertement cette origine. C’est ainsi que Renaud II, au grand déplaisir de Charles-Quint, avait arboré dans les rues de Gand les armoiries complètes du comté de Hollande comme les siennes. Il était membre du conseil d’État et chevalier de l’ordre de la Toison d’or. Henri, son fils aîné, après avoir été attaché comme page à la personne de Charles-Quint, embrassa, de même que ses deux frères, la carrière des armes. En 1552, il servait dans l’armée commandée par Guillaume de Nassau. Il prit part ensuite à la grande guerre qui signala l’avènement de Philippe II. L’un de ses frères fut tué en 1557, à la fameuse bataille de Saint-Quentin; l’autre devait également succomber quel-