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ouvrage fut commencé en 1558. Quant au tombeau érigé dans l’église Saint-Georges de Nancy, il y fut conservé jusqu’en 1717. On le détruisit à cette époque ; mais les Lorrains ne perdirent point le souvenir du terrible duc. Dans l’ancien palais ducal de Nancy, ils montrent encore aujourd’hui la tente de Charles, composée de sept pièces d’œuvre, merveilleux travail des tapissiers de Flandre. Elle est signalée, dans le Musée lorrain, par l’inscription suivante :

Tente de Charles le Téméraire
Prise par les Lorrains à la bataille de Nancy (5 janvier 1477),
Conservée deux cent cinquante ans au garde-meuble de la couronne,
remise par le duc François II aux habitants de sa capitale
lors du départ de la dynastie de Lorraine (1737),
placée à l’ancien hôtel de ville jusqu’à sa démolition,
recueillie par la cour souveraine en 1751 et rendue, en 1861,
par délibération unanime de la cour impériale, à la ville de Nancy,
qui l’a déposée au Musée historique lorrain
pour en être le monument d’honneur.

Dans l’église des Cordeliers, élevée par René II, en commémoration de sa victoire, on remarque, dans la célèbre chapelle ronde, sépulture des ducs de Lorraine, une autre inscription également intéressante :

À Charles, surnommé le Hardi, duc de Bourgogne, comte de Flandre, etc., lige, par sa fille, de l’auguste et royale maison d’Autriche heureusement régnante — Vaincu dans ses entreprises contre Nancy, il succomba sous le fer lorrain en 1477. — À ce guerrier, René, duc de Lorraine et de Bar, roi de Sicile, etc., avait jadis élevé un magnifique mausolée dans la basilique collégiale de Saint-Georges. Transporté à Bruges en 1550, le corps du père fut déposé dans le tombeau de sa fille ; ses entrailles et les dépouilles triomphales, qui n’ont point péri, sont conservées dans cette sépulture des ducs de Lorraine, l’an 1743.

Th. Juste.

Chastelain. — Olivier de la Marche. — Philippe de Commines. — Barante. — Histoire générale et particulière de Bourgogne, par dom Plancher (Dijon, 1748). — John Foster Kirk, History of Charles the Bold (Londres, 1867-1868), 3 vol. — Frédéric de Gingins La Sarra, Dépêches des ambassadeurs milanais sur les compagnes de Charles le Hardi, duc de Bourgogne, de 1474 à 1477 (Genève, 1858), 2 vol. in-8o. — Guillaume, Histoire de l’organisation militaire sous les ducs de Bourgogne. — Th. Juste, Les tombeaux des ducs de Bourgogne. etc.

CHARLES-QUINT, né au Princenhof (Cour des Princes), à Gand, le 24 février 1500, mort au monastère de Yuste, dans l’Estrémadure, le 21 septembre 1558, était fils de l’archiduc Philippe le Beau (V. de ce nom) et de Jeanne, deuxième fille des rois catholiques, Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille. La naissance de ce prince, qui était le premier rejeton mâle issu du mariage de Philippe le Beau, fit éclater une joie universelle dans les Pays-Bas ; les Gantois, en particulier, la célébrèrent par des fêtes splendides. Le 7 mars fut le jour fixé pour son baptême, qui eut lieu le soir en l’église de Saint-Jean (aujourd’hui Saint-Bavon). Le prince de Chimay, Charles de Croy, avait été désigné pour le tenir sur les fonts avec Marguerite d’Autriche, sœur de l’archiduc, princesse douairière de Castille ; Marguerite d’Yorck, veuve de Charles le Téméraire, le porta à l’église ; il fut baptisé par Pierre Quick, évêque de Tournai et abbé de Saint-Amand. Il reçut le nom de Charles, soit comme étant celui de son parrain, soit en mémoire de son bisaïeul, et l’archiduc lui donna le titre de duc de Luxembourg. La ville de Gand avait fait pour cette cérémonie des préparatifs extraordinaires : par ses soins et à ses frais un plancher, élevé de trois pieds au-dessus du sol, avec une barrière de chaque côté et trois fois treize portes qui y donnaient accès, avait été construit depuis le Princenhof jusqu’à l’église de Saint-Jean ; toutes ces portes étaient resplendissantes de lumière ; en outre, une galerie de cordes, partant du Beffroi, allait en droite ligne jusqu’à la flèche du clocher de Saint-Nicolas, illuminée d’un bout à l’autre par des flambeaux et des lanternes de papier ; enfin le dragon du Beffroi jetait des feux grégeois par la bouche et par la queue. Jamais, à Gand, illumination semblable n’avait été vue.

Charles n’avait pas un an encore quand il fut élu chevalier de la Toison d’or par le chapitre de l’ordre réuni à Bruxelles. À cette occasion, le 23 janvier 1501, Marguerite d’Yorck le prit dans ses bras et vint avec lui au lieu où le chapitre tenait sa séance : un siége avait été préparé au milieu de la salle ; on y plaça le jeune prince, et Philippe le Beau l’arma chevalier, après l’avoir revêtu du collier de l’ordre. Au mois de novembre suivant, Philippe, partant pour l’Espagne, commit