Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 3.djvu/298

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que l’armée impériale qui sortirait du royaume de Naples aurait le passage libre par les terres de l’Église ; que Cervia, Ravenne, Modène, Reggio et Rubiera seraient restituées au saint-siége ; que le duché de Milan serait rendu à Francesco Sforza, s’il prouvait son innocence ; que, dans le cas contraire, l’empereur en disposerait du consentement du pape ; que le pape donnerait à l’empereur l’investiture du royaume de Naples ; enfin que l’empereur, le roi Ferdinand, son frère, et le pape s’uniraient pour ramener au giron de l’Église, de gré ou de force, les sectateurs de Luther. Par des articles séparés, le pape s’obligeait à excommunier quiconque attirerait les Turcs au royaume de Naples ; à accorder à l’empereur et à son frère le quart des revenus des bénéfices ecclésiastiques, pour qu’ils s’en aidassent contre les infidèles ; à absoudre tous ceux qui avaient pris part au sac de Rome. Charles-Quint jura le traité, sur le grand autel de la cathédrale de Barcelone, le jour même de sa conclusion. Le pape le jura le 23 juillet, étant au lit, en présence de l’ambassadeur ordinaire de l’empereur micer Miguel May et du seigneur de Praet, que Charles lui avait envoyé en ambassade extraordinaire.

L’accord de l’empereur avec Clément VII était un acheminement à la pacification de l’Italie, laquelle n’avait cessé d’être le but de sa politique et l’objet de ses instructions à ses ministres et à ses généraux. Un autre traité ne tarda pas à se conclure, qui devait aussi contribuer à ce résultat. Découragé par les revers de ses armes, fatigué d’une lutte qui épuisait toutes les ressources de son royaume, désireux surtout de ravoir ses fils, François Ier aspirait à un accommodement avec son rival ; mais il lui répugnait de faire les premières démarches. Louise de Savoie, sa mère, se chargea de lui en épargner la mortification ; elle fit naître une occasion pour s’en ouvrir confidentiellement à Marguerite d’Autriche. La régente des Pays-Bas, qui n’avait rien plus à cœur que de préserver des calamités de la guerre les provinces confiées à ses soins, et qui, mue parce motif, avait, le 15 juin 1528, à Hamptoncourt, fait avec Henri VIII une trève à laquelle le roi de France avait accédé, s’empressa d’accueillir les ouvertures de madame d’Angoulême. Après que les deux princesses eurent échangé leurs vues sur les points qui pouvaient servir de préliminaires à la paix, Marguerite envoya à l’empereur le seigneur de Rosimbos, son premier maître d’hôtel, et le secrétaire des Barres, pour lui rendre compte de tout ce qui s’était passé et lui demander ses ordres.

Charles-Quint, sans rechercher la paix avec le roi de France[1], était disposé a y entendre ; mais il voulait une paix qui fût à son honneur et surtout une paix solide ; le manque de foi de François Ier l’avait rendu défiant : « Plutôt que faire paix non honorable ou sans assurance », écrivait-il à l’un de ses ministres, « aimerais mieux y mettre le tout à l’aventure[2]. » L’accomplissement du traité de Madrid, sauf la modification relative à la Bourgogne qu’il avait consentie à Burgos, était à ses yeux une condition sine qua non : car, « si le roi n’accomplissait pas ce traité, il ne savait comment il se pourrait dédire de ce qu’il avait dit de lui, ou souffrir que le roi ne se dédît du démenti qu’il lui avait donné[3]. » Ce fut dans cet esprit que furent conçues les instructions qu’il transmit à Marguerite avec ses pleins pouvoirs, et il y insista dans des dépêches subséquentes[4].

Les négociations s’ouvrirent, à Cambrai, entre Marguerite et Louise de Savoie, qui s’étaient donné rendez-vous en cette ville et y étaient arrivées, chacune de son côté, le 5 juillet. Les deux prin-

  1. Il écrivait à archiduchesse Marguerite le 15 octobre 1528 :
        « Je suis bien enclin à la paix universelle : aussi suis-je à la particulière quant au roy d’Angleterre…. Et quant au roy de France, pour la faire particulière avec luy seulement, c’est aultre matière : car il scèt bien ce qu’il a à faire pour l’avoir, satisfaisant à mon honneur comme il doibt. »
  2. Lettre du 16 mars 1529 au sieur de Montfort, envoyé à l’archiduchesse Marguerite et au roi Ferdinand.
  3. Ibid.
  4. Du 11 juin 1529.