Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 3.djvu/371

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que nous avons nommés, on voyait dans ses rangs Jean-Ernest, frère, et Jean-Frédéric, fils de l’électeur de Saxe; le duc Philippe de Brunswinck et ses quatre fils, Ernest, Albert, Jean et Wolfgang; le duc François de Lunebourg; le prince d’Anhalt Wolfgang, le comte Louis d’Oettingen, le comte Albert de Mansfelt et leurs fils, avec beaucoup d’autres seigneurs de marque[1].

Charles, au moment de l’expédition de Schertlin, n’avait à Ratisbonne que deux compagnies d’hommes d’armes qui l’avaient escorté depuis son départ des Pays-Bas, les Espagnols qu’il avait appelés de Hongrie, et quelques enseignes d’Allemands nouvellement levées. Si, au lieu d’aller vers le Tyrol, Schertlin était venu droit à Ratisbonne, il eût mis l’empereur dans un cruel embarras; peut-être même l’aurait-il forcé de gagner l’archiduché d’Autriche, pour y trouver un refuge[2]. Ce qu’il n’avait pas fait, les chefs de l’armée de la ligue pouvaient concevoir le dessein de le faire Charles, le 3 août, partit de Ratisbonne, y laissant, pour la garde de la ville, deux cents fantassins espagnols et quatre mille lansquenets sous les ordres de Pietro Colonna; avec le reste de ses forces, qui consistait en cinq à six mille gens de pied et quinze cents chevaux[3], il résolut d’aller au-devant de celles qu’il attendait d’Italie, « quoi qu’il eu pût advenir, car il voulait, mort ou vivant, demeurer empereur en Allemagne[4]. » Arrivé près de Landshut, à neuf lieues de Ratisbonne, il y prit position. Tandis qu’il était là, le duc de Saxe, le landgrave et leurs confédérés lui envoyèrent un héraut porteur d’une lettre par laquelle ils lui dénonçaient la guerre. Il refusa de la recevoir, ordonna au messager des confédérés de la leur rendre, en les prévenant que, si quelqu’un osait encore venir de leur part le trouver, il serait pendu, et lui fit remettre, avec injonction de le délivrer au duc de Saxe et au landgrave, le décret par lequel ils étaient proscrits[5].

Le 13 août arrivèrent à Landshut les troupes papales, sous le commandement d’Octave Farnèse, neveu de Paul III et gendre de l’empereur; elles formaient un corps magnifique de onze mille à douze mille piétons et six cents chevau-légers; deux cents chevau-légers du duc de Florence et cent du duc de Ferrare les accompagnaient. Octave Farnèse avait avec lui le cardinal Alexandre, son frère, nommé par le pape son légat près l’empereur. Les Espagnols de Naples, venus par la mer Adriatique, et ceux du Milanais, qui avaient traversé le Tyrol, ne tardèrent pas à renforcer le camp impérial, ainsi que les lansquenets levés en la Montagne Noire par le comte de Schauwenbourg. Charles avait enfin une armée; il comptait sous ses drapeaux treize mille lansquenets, huit mille gens de pied espagnols, l’infanterie italienne que nous avons dit et trois mille chevaux. C’était les plus beiles troupes qu’il eût jamais commandées[6]. Il nomma l’archiduc Maximilien général en chef de la cavalerie allemande, et le prince de Piémont, Emmanuel-Philibert, capitaine de sa maison ainsi que de la cavalerie flamande et bourguignonne[7]. Le 15 août il reprit le chemin de Ratisbonne, pour en retirer l’artillerie, les munitions

  1. Sleidan, t. III, p. 353.
  2. François Ier, en apprenant que le roi de Danemark n’avait pas voulu rejoindre aux confédérés de Smalkalde, en avait conçu un tel dépit qu’il avait été plusieurs jours sans vouloir voir personne, madame d’Étampes exceptée. Lorsqu’il sut que les protestants avaient laissé échapper l’occasion de surprendre l’empereur à Ratisbonne, il en fut plus fâché encore. (Lettre de l’ambassadeur Saint-Mauris à la reine Marie, du 26 septembre 1546.)
  3. Mocenigo.
  4. Commentaires, etc., p. 129 - « Je l’entendis souvent dire, — rapporte d’Avila — en parlant de cette terrible guerre, que mort ou vif il demeurerait en Allemagne. » (Comentario, fol. 10.)
  5. SIeidan, t. II, pp. 349-352.
  6. D’Avila.
  7. Lettre adressée au duc de Savoie Charles III, le 16 août 1546, par le comte de Stropiana, son ambassadeur auprès de l’empereur.
       J’aurai l’occasion, plus d’une fois encore, de citer la correspondance de Stropiana, que M. le comte Giuseppe Greppi, ministre d’Italie à la cour de Munich, a fait connaître par d’intéressants extraits insérés au tome XII, 2e série, des Bulletins de la Commission royale d’histoire de Belgique.