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Charles de Bryas assura les convois de vivres et de munitions destinés à l’armée campée devant Rocroy. Il se signala par sa bravoure à la bataille donnée près de cette ville, le 19 mai 1643, et non-seulement il protégea la retraite, mais il rendit un service signalé, en recueillant, dans Marienbourg un grand nombre de blessés et en leur prodiguant tous les secours qu’il avait à sa disposition. La bravoure et le dévouement du gouverneur de Marienbourg furent récompensés par l’érection de la terre de Bryas en comté, (lettres patentes de Philippe IV, datées du 31 mai 1649).

La même année, il avait été appelé à siéger aux États d’Artois, tenus à Saint-Omer, et à ceux de Liége, à titre de seigneur de Morialmé. Cette terre, première pairie de Liége, et les seigneuries de Hanzinne et de Thy-le-Bauduin lui avaient été léguées par son oncle maternel, Ghislain de Nédonchel, chanoine-archidiacre de Tournai, à condition d’ajouter à son nom et à ses armes, le nom et les armes de Nédonchel.

Il mourut à Morialmé, en 1655, laissant d’Anne d’Immerseel, fille de Thierry, comte de Bouckhoven, vicomte d’Alost, etc., et de Marie de Renesse, plusieurs enfants et, entre autres, Jacques-Théodore, né à Marienbourg, qui devint archevêque de Cambrai.

A. de Robaulx de Soumoy.

Lainé, Archives de la noblesse française, IX, 23, et suiv. — Louis de Haynin, seigneur du Cornet, Mémoires. — Nicolas Lelong, Histoire de l’évêché de Laon, 493 et suiv. — Letellier, Ms. Recherches sur l’histoire de la ville de Marienbourg et l’origine de Charlemont, insérées dans les annales de la société archéologique de Namur, VIII, 82, 110. — M. G. Hagemans, Histoire du pays de Chimay, 1re partie, 339.

BRYAS, (Ghislain DE), fils de Jacques troisième du nom, gouverneur de Marienbourg et de sa seconde femme, Adrienne de Nédonchel, entra, en 1620, au service de l’Espagne, dans l’armée des Pays-Bas, et, passant par tous les grades, arriva rapidement à celui de maître de camp. Après la prise de Venloo, en 1637, il en fut nommé gouverneur. L’année suivante, les Hollandais assiégèrent Gueldres, Bryas vola à son secours; il traversa hardiment les lignes des assiégeants, leur causa une perte considérable et pénétra dans la ville, dont il fut reconnu l’un des deux gouverneurs. L’infant Ferdinand vint à son tour ravitailler la place; Bryas, pour faciliter l’entrée du secours, fit une sortie à la tête de deux mille fantassins et de cent chevaux, prit aux ennemis deux forts, six pièces de canon et trois étendards.

En 1639, la révolte de la Catalogne et la révolution de Portugal jetèrent l’Espagne dans un extrême embarras et Philippe IV recourut à une mesure jusques-là sans exemple. Connaissant la réputation de bravoure acquise par les troupes wallones sur les champs de bataille de Bohême, de Hongrie, d’Allemagne, des Pays-Bas et de France, il résolut de les appeler à concourir à la défense de son royaume. Bryas reçut mission d’y conduire un tercio wallon de vingt compagnies. Attaqué dans la traversée à la hauteur de Dunkerque, par la flotte hollandaise, il se défendit vaillamment et, malgré une grave blessure à la cuisse, il continua sa route. Mais le retard causé par cet incident inspira une vive inquiétude au ministre Olivarès, qui l’exprime en ces termes, dans une lettre adressée, le 19 mars, au cardinal-infant, frère du roi, gouverneur et capitaine général des Pays-Bas : « Car la sûreté de l’Espagne dépend entièrement de la présence de ces Wallons et nous tenons tous que quand ils seront arrivés, l’ennemi ne songera plus à nous inquiéter de ce côté; nous aurons avec eux une force propre à mettre obstacle à quelque dessein qu’il puisse avoir. » A peine débarqué en Espagne, Bryas, à la tête de ses Wallons, aida à reprendre Salses. Voici le témoignage rendu à ces troupes par le comte-duc : « Votre Altesse peut m’en croire, les Wallons qu’elle nous a envoyés sont ceux qui maintiennent le siége de Salses ; ils se sont battus comme des lions, se signalant extrêmement en tout. » (Lettre du 2 novembre 1639.) Bryas secourut ensuite Tarragone, assiégée par les Français et dans une sortie, luttant contre des forces bien supérieures, il fit prisonniers le maître de camp général d’Ardenne, trois capitaines, seize autres officiers, quatre-vingts soldats