Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 7.djvu/439

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Conrad de Souabe. Le duc Godefroid avait d’abord reconnu l’autorité de Lothaire ; s’étant ensuite prononcé pour Conrad, il fut, eu 1128, privé par Lothaire de la dignité ducale. On la donna à Waleran, duc de Limbourg. L’ancien ami de Godefroid, l’archidiacre Alexandre, ayant à cette époque succédé à l’évêque de Liège Aubéron (pour qui le duc l’avait abandonné), celui-ci ne trouva plus que des ennemis sur les bords de la Meuse et perdit toute autorité sur les pays situés à l’est de la Gette. D’autre part, en dépit du nouvel empereur, il sut maintenir sa domination sur ses propres domaines et sur le marquisat d’Anvers, qui depuis 1106 ne cessa d’en faire partie intégrante.

Du côté de la Flandre, de nouvelles contestations vinrent aussi l’occuper. Le comte Charles de Danemark ayant été assassiné dans l’église Saint-Donatien, de Bruges, le 2 mars 1137, plusieurs prétendants se disputèrent la possession de ses Etats. Le roi d’Angleterre les réclama comme étant fils de Guillaume le Conquérant et de Mathilde de Flandre, sœur de Robert le Frison ; il chargea le comte de Boulogne d’appuyer ses prétentions et arma en sa faveur le duc Godefroid, mais l’intervention du roi de France fit pencher la balance en faveur de Guillaume de Normandie, neveu et ennemi du roi d’Angleterre.

Lorsque, l’année suivante, le gouvernement tyrannique de Guillaume souleva contre lui une grande partie de ses sujets, on vit de nouveau diflérents partis se dessiner. Le roi Henri ne fit plus d’efforts pour son propre compte, mais soutint Arnoul de Danemark, neveu du comte Charles. Arnoul, ayant échoué, se joignit aux défenseurs de la cause d’un de ses rivaux, Thierri d’Alsace. Le duc Godefroid, qui s’était d’abord prononcé pour lui, craignit que Thierri ne réclamât la dot de sa mère, épouse en premières noces d’Henri, le frère et le prédécesseur de Godefroid, il se rapprocha alors de Guillaume de Normandie. Ses armes essuyèrent un premier échec près de Eupelmoude, où Iwain d’Alost lui prit dans un combat, le 14 juin, une cinquantaine de chevaliers. Néanmoins il parut, le 11 juillet, devant Alost, et Guillaume vint bientôt le rejoindre. Ce dernier, mortellement blessé en se portant, le 20 ou le 21, à la rencontre de ses ennemis, expira peu de jours après. Le duc tint d’abord cet événement secret, ne le révéla que lorsqu’il eut négocié sa réconciliation avec Thierri d’Alsace, et rentra dans ses Etats après avoir accepté le roi d’Angleterre pour arbitre de ses différends avec le comte de Flandre.

Gislebert, comte de Duras, implora alors son appui contre le duc de Limbourg et l’évèque de Liège, qui avaient enlevé au comte, le premier, la sousavouerie de Saint-Trond, le second, le comté de Duras, sous préteste qu’il avait opprimé l’abbaye de cette ville et maltraité quelques-uns de ses bourgeois. Après avoir essayé, sans succès, de reprendre Saint-Trond, Godefroid et Gislebert ravagèrent les possessions du monastère. L’évèque de Liège et le duc de Limbourg réunirent alors leurs troupes et mirent le siège devant le château de Duras ; d’autre part, Godefroid et le nouveau comte de Flandre, Thierri d’Alsace, accoururent au secours de Gislebert. Un combat terrible s’engagea, le 7 août 1129, dans les plaines de Wilderen, un peu à l’est de Saint-Trond. Il fut d’abord favorable aux Brabançons, mais les chevaliers du comte de Looz et les bourgeois de Huy parvinrent à les arrêter et, grâce à leur valeur, les troupes de Godefroid et de Thierri essuyèrent une défaite complète et eurent environ quatre cents hommes tués. Godefroid perdit dans cette journée son étendard, richement travaillé en or, dont sa fille, la reine d’Angleterre, lui avait fait présent et qui était conduit sur un char traîné par quatre chevaux. Les vainqueurs ne tirèrent pas grand fruit de leur triomphe ; ils reprirent le siège de Duras, mais ils durent le lever bientôt, à cause des travaux de la moisson auxquels on allait procéder, et la querelle continua indécise pendant près de trois ans.

Le duc de Louvain et le seigneur de Duras se rendirent enfin à Liège, où ils se réconcilièrent avec l’évèque. Gode-