froid et Waleran gardèrent tous deux le titre de duc, et le premier reconnut l’autorité de Lothaire, puisqu’il fit figurer son nom dans ses chartes ; cependant ce ne fut vraiment qu’en 1135 qu’une réconciliation s’opéra entre l’empereur Lothaire, d’une part, le roi Conrad, le duc de Souabe, son frère, et l’archevêque de Cologne, de l’autre. Le duc Godefroid envoya à Lothaire, en cette occasion, une députation solennelle, et une grande assemblée décréta une paix générale, qui devait durer dix années.
Toutefois, dès l’année suivante, la tranquillité fut troublée dans le Brabant. Les bourgeois de Gembloux n’ayant pu se mettre d’accord avec les religieux du monastère de ce nom, au sujet du successeur à donner à l’abbé Anselme, il en résulta une guerre entre le duc Godefroid et le comte de Namur, Henri, fils de Godefroid, contre lequel le premier avait déjà guerroyé. En 1136, le comte livra à l’incendie la ville de Gembloux et les villages voisins.
L’empereur Lothaire venait de mourir (le 4 décembre 1137) et avait été remplacé sur le trône par le roi Conrad (élu le 7 mars 1139), et Waleran de Limbourg, son compétiteur pour le titre de duc, était également décédé (en 1139), lorsque Godefroid expira à son tour (le 25 janvier 1139-1140), abandonnant ses Etats à son fils aîné Godefroid, qui déjà portait aussi, depuis près de dix aus, le titre de duc. Godefroid Ier laissa une réputation entourée d’un vif éclat ; plus d’un écrivain l’a surnommé le Grand et, dans un acte de l’an 1178, par lequel son petit-fils confirme à l’abbaye de Brogne la redevance annuelle de mille harengs donnée par Godefroid Ier, on rappelle que celui-ci était regardé comme un saint.
Grâce à lui, les domaines de la maison de Louvain formèrent un Etat plein d’avenir et déjà redoutable à ses voisins. Le titre de duc de la Basse-Lotharingie y rattachait, par des liens qui, à la vérité, tendaient à se rompre, la plupart des principautés voisines. La partie septentrionale du duché était encore peu peuplée et comptait peu de villes ; mais, aumidi, Louvain, Bruxelles, Anvers, Léau, Tirlemont, Gembloux, Nivelles, etc., se développaient de plus en plus. Louvain, que le feu ravagea complètement en 1130, se releva bientôt de ses ruines ; Bruxelles, d’où Godefroid data plusieurs diplômes du château situé sur la hauteur voisine (celle de Coudenberg) , était déjà la résidence préférée des ducs. L’importance d’Anvers s’était manifestée par l’émotion qu’avaient excitée les prédications de Tanchelin. La ville de Léau, quoique fort petite, avait déjà son enceinte de murailles. Quant à Grembloux et Nivelles, Godefroid y dominait comme étant à la fois l’avoué du chapitre des chanoinesses de Sainte-Gertrude et de l’abbaye de Gembloux.
On ne possède qu’une seule charte de franchise octroyée par Godefroid Ier : c’est celle par laquelle il accorde des privilèges, en 1116, au village de Mont-Saint-Guibert, et déclare que ce lieu aurait dorénavant le même droit légal et les mêmes coutumes que Gembloux. Ce diplôme curieux fut publié de nouveau en 1123. La sollicitude de Godefroid pour ses sujets résulte aussi d’une charte de l’an 1125 environ, par laquelle il détermine les émoluments dont jouiraient les meuniers travaillant dans ses moulins de Bruxelles. » S’ils viennent, dit-il, à être molestés par moi ou par l’un de mes officiers principaux, ils ne seront astreints qu’à remplir leurs obligations. « On doit voir une preuve de la sollicitude de Godefroid pour le commerce dans ce fait que ce fut lui qui engagea, en 1127, l’évêque d’Utrecht à réglementer la tenue des marchés de cette ville. En 1132, lorsque la population de Saint-Trond et des environs, par haine pour les tisserands, voulut introduire dans Léau un navire symbolique, fabriqué pour se moquer de ces artisans, le duc Godefroid s’opposa à ce projet et menaça même d’assaillir Saint-Trond. Il fallut pour l’apaiser l’intervention du primicier de Metz, Albéron, oncle des fils de Godefroid Ier et frère de la comtesse de Duras.
On a vu que l’ordre des Prémontrés se