Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 8.djvu/294

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ner raison. Bref, les Ecossais, trop faibles pour résister, se laissèrent imposer Edouard Baliol, le protégé du vainqueur. L’année anglaise regagna ses foyers ; mais l’arrière-garde, dont Guy faisait partie, s’attarda, resta isolée et tomba dans desembùches dressées par le groupe des mécontents. Le comte de Namur fut fait prisonnier ; Murray, régent d’Ecosse, averti de l’importance de cette capture, crut être agréable au roi de France en le délivrant, et voulut l’accompagner jusqu’en Angleterre ; mais lui-même fut surpris par un détachement de la garnison de Roxburgh et incarcéré. Gramaye touche un mot de ces événements, mais se borne à dire que Guy passa quelque temps en prison, et que c’est en revenant dans ses Etats qu’il fit la rencontre de Saint-Venant. Son corps fut ramené à Namur, déposé d’abord dans l’église de Salzinne, puis inhumé à Saint-Aubin. On lui fit des funérailles magnifiques. Comme il n’avait pas été marié, sa succession fut acquise à Philippe, troisième fils de Jean Ier.

Alphonse Le Roy.

Rapin Thoyras. — Le P. de Marne. — Froissard (éd. Kervyn), table des noms historiques, v° Namur. — Les chroniqueurs cités.


GUY DE CAMBRAI, trouvère du xiiie siècle. Il composa le roman de Barlaam et Josaphat qui, d’après Félix Liebrecht (Ebert, Jahrb. für roman. Literat., II, 330), n’est que le travestissement de la légende du fondateur du bouddhisme. Les poètes du moyen Age s’inspiraient surtout d’une biographie composée par saint Jean Damascène. De là, entre autres, le Mistère du Roy Avennir, père de Josaphat, représenté par ordre du bon roi René de Sicile et de Provence. On attribue encore à Guy de Cambrai une des branches du poème d’Alexandre. C’était un des sujets favoris de la poésie des trouvères : on cite déjà au xe siècle un roman semi-provençal d’Albéric de Besançon, et l’on sait que le nom de vers alexandrins a été surtout popularisé par li romans d’ Alixandre de Lambert li Tors et Alexandre de Bernay, au xiie siècle.

Au reste, les continuateurs de la geste d’Alexandre sont nombreux. A côté de Guy de Cambrai, on peut encore citer Pierre de Saint-Cloud, Jean le Nivelais, Jean de Brisebarre, Simon de Boulogne, Jean de Montelee, Jacques de Longuyon et Huon de Villeneuve, sans compter leurs imitateurs flamands et allemands.

J. Stecher.

A. Dinaux, Trouvères Cambrésiens.


GUYARD ou Guy de Laon, évêque de Cambrai, de 1238 à 1248. Ce prélat, que l’on appelle aussi Guiardin, a occupé le siège de Cambrai à une époque où la Belgique fut agitée par les contestations entre les Dampierre et les d’Avesnes et par la lutte engagée entre les derniers empereurs appartenant à la maison de Hohenstauffen et la papauté. Il semble avoir dû son élévation à la faveur dont il jouissait à la cour impériale ; du moins il existe un mandement du roi Conrad, fils de Frédéric II, daté de Rodemburg, le 18 mars 1238 , par lequel Guy est investi des régales, et ordre estdonnéau chapitre, aux bourgeois et aux vassaux de l’église de Cambrai de le reconnaître et de lui obéir. Soit inclination naturelle, soit désir d’éviter d’entrer en contestation avec les habitants de sa résidence, toujours attachés à la défense de leurs droits municipaux, il leur fit une concession importante, en déclarant, en novembre 1246, que les vingt-quatre fieffés de l’évêché seraient justiciables des échevins de Cambrai en matière criminelle et lorsqu’il s’agirait de meubles ; ces fieffés renonçaient aux droits dont ils jouissaient pour le temps où l’évèque habiterait son palais.

Cet évéque n’était pas favorable aux prétentions des religieux lorsqu’elles étaient en opposition avec les droits du clergé séculier. C’est ce que l’on constate à propos de la collation de la cure de l’église de Tervueren. Le duc Henri II avait exprimé le désir de voir s’introduire dans ce temple l’observance régulière, c’est-à-dire d’y voir le service divin confié à des moines. Néanmoins, Guy n’en confirma le patronat à l’abbaye du Parc, en novembre 1238, qu’à condition d’y établir un prêtre séculier pour le desservir, restriction que Nicolas, son