Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 8.djvu/478

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923 H EL François-Mercure n’est point inspiré, comme son père, par « un vif sentiment • (le la liberté et des facultés morales • de l’homme » (Frank). Son illuminisrae est sans rè< ;le : il ne se dépêtre pas du panthéisme (idéaliste). Jean-Baptiste, avant tout chimiste, prenait le titre de phUosophtis per ignem ; celui-ci s’appelle jB///7o«ojB/(7M^t’r ?«»<»« in quosutit onitiia. Son but est d’approfondir la science mystique, de s’initier au saint art, d’embrasser tout entier l’arbre de la vie, c’est-à-dire de pénétrer jusqu’à l’essence même des choses, jusqu’à leur principe commun ; de démontrer ainsi l’identité de toute la nature avec Pieu, le Christ étant donné comme trait d’union, intermédiaire, médiateur si l’on veut. Pour lui, comme pourSpinoza, il n’y a qu’une substance et les modes seuls difl’èrent. Tout est ^^vant ; toute âme a un corps : l’âme est lumière, le corps ténèbres. » Mais ce qui est lumière à un certain degré, devient » ténèbres à un degré supérieur, et ce » qui est ténèbres se change en lumière " à un point de vue opposé. Les ténè- " bres n’étant qu’une négation, c’est- " à-dire un moindre degré de lumière, • la matière un moindre degré d’esprit, " il en résulte que tout est esprit , que " tout est lumière ; ([ue la vie de la na- " ture consiste en une suite de transfor- " mations de l’unique substance ; que " la vie de l’âme ne peut s’expliquer que par la métempsychose. A ce » dogme, consacré aussi parla Kabbale, « François-Mercure rattachait cette idée « de son père, que l’âme se fabrique le » corps dont elle a besoin. Ainsi, une « âme dégradée par les passions brutaies se fait, après cette vie, un corps ■■ de bête. Celle qtii a vécu saintement " se fait un corps angélique. Il n’y a • point de déchéance absolue ; car il y a « une limite nécessaire dans les ténèbres • et dans le mal. Toute âme arrivée à » cette limite se relève et se régcnère » (1). La métaphysique de V. Van TTclmont n’est, comme on voit, qu’un mélange ) Fr.inck, Oict. /lAi/ot. assez confus de doctrines empruntées tantôt à la Kabbale, tantôt au néoplatonisme, tantôt enfin au christianisme ; elle ne présente aucun intérêt sérieux. En revanche, un travail spécial de notre personnage commande l’attention, sinon par son mérite intrinsèque, du moins par la fécondité de l’idée qu’il a fait éelore. Il s’agit de l’éducation des sourds-muets ou phitôt de V enseignement de la parole artijirielte, déjà tentée par P. Ponce, don Bonet et quelques autres. Mais Van Helmont a pressenti une méthode nouvelle. L’importance capitale du rôle assigné aux lettres de l’alphabet par les kabbalistes , d’une part ; de l’autre, le goût inné de François-Mercure pour l’étude des langues, ont vrai- ’ semblablement dirigé son esprit vers '> cette question. Mais une fois sa concep- ’ tion dégagée, il prit le galop et alla tout ; de suite à l’extrême. Il se propose pour but, non seulement de faire parler les sourds-muets, mais de « fixer pour toujours la prononciation d’une langue " universelle, de manière qu’elle puisse » traverser les siècles, être parlée par X tous les peuples, sans jamais subir » la moindre altération. » Il prit pour type l’hébreu, qu’il considérait comme notre langue naturelle : elle a été formée, disait-il, dans un temps où les hommes, pressés du besoin d’exprimer leurs pensées, • donnèrent à leur voix ■ des inflexions simples, à leurs organes " des mouvements faciles, capables de « formuler des sons distincts, mais qui, « bien qu’en petit nombre, étaient sus- " ceptibles d’une infinité de combinaisons » (2). Si nous pouvions échapper aux influences sociales, nous parlerions tous hébreu ; et quant à l’écriture, les vingt-deux caractères hébraïques » représentent si fidèlement la position où « doivent se trouver les organes pour • les prononcer, <|u’un sourd-muet pour- " rait les articuler à première vue. • Pour obtenir ce dernier résultat, il s’agit tout bonnement de figurer la parole. F. Van Helmont illustre donc son ouvrage de trente-sixgravures. «Chacune