LETTRE VIII
Je ne sais comment le temps passe : le pays est superbe. L’air qu’on y respire, la vie qu’on y mène, sont enivrants. Je suis constamment dehors et à cheval. Je porte mon costume hawaïen à demi usé, dors parfois à la clarté des étoiles sur un lit de branches de pin, monte sur une selle mexicaine, et la douce musique des éperons mexicains retentit de nouveau à mon oreille. Beaucoup de voyageurs, pour exprimer les sentiments des nouveaux settlers de ces territoires, les traduisent par cette phrase : « Voilà un étranger, jetons-lui des pierres ! » Je n’ai rien trouvé de pareil dans mon joyeux logis de la montagne. Tandis que j’écris, les poutres résonnent du bruit de la joie, de celui des chansons, et les troncs de pitch pines flambent et craquent dans la cheminée ; une fine poussière de neige pénètre par les fentes et forme des tourbillons sur le parquet. Le vent hurle, gémit et se joue dans