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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

jamais humide, quelque temps qu’il fasse. Point de dégel. La neige disparaît mystérieusement par une évaporation rapide ; l’avoine pousse, mais ne mûrit pas, et lorsqu’elle est suffisamment avancée, on la coupe et l’empile pour la provision de fourrage de l’hiver. Les pommes de terre donnent abondamment et, quoique pas très-grosses, sont d’une excellente qualité et très-farineuses. Evans n’a point essayé de planter autre chose ; des légumes plus succulents demanderaient probablement une irrigation. Les fleurs sauvages sont innombrables et splendides. Leur beauté, qui atteint son plus haut degré en juillet et en août, était passée avant mon arrivée, et les dernières neiges les ont achevées. Il s’écoule très-peu de temps d’un hiver à l’autre ; la croissance et la floraison pour l’année tout entière s’accomplissent en deux mois. Les dents de lion, les boutons d’or, les pieds d’alouette, les campanules, les violettes, les roses, les gentianes bleues et cinquante autres espèces où dominent le jaune et le bleu, bien qu’engourdies chaque matin par le froid, étoilent l’herbe et se fanent au bord des ruisseaux longtemps avant midi. Après de longues recherches, je n’ai trouvé, en fait de fougères, que la cystopteris fragilis et le blechnum spicans, mais on m’a dit qu’on trouve aussi la phteris aquilina. Les serpents et les moustiques semblent être inconnus ici. Lorsqu’on vient des tropiques, l’uniformité du feuillage paraît déplaisante, si l’on peut dire le feuillage, car à cette hauteur, les arbres, à proprement parler, sont exclusivement des conifères et portent des aiguilles