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AUX MONTAGNES ROCHEUSES.

de ladite poix était dessinée en travers du nez et des joues. Elles portaient leurs enfants sur le dos, attachés à des planches par des lanières de cuir. L’habillement des deux sexes était une combinaison sale et déguenillée de vêtements de cuir et de laine grossière ; leurs mocassins n’avaient point d’ornements. Ils étaient tous hideux et dégoûtants, fourmillant de vermine. Les hommes avaient de petits arcs et des flèches, et l’un d’eux, qui paraissait être le chef, avait pour carquois une peau de lynx. Quelques-uns aussi avaient un attirail de pêche ; mais les gens qui étaient là disaient qu’ils vivent presque entièrement de sauterelles. Ils faisaient tache au milieu des signes d’une civilisation toute-puissante.

Les sierras resplendissaient aux lueurs du soleil couchant ; et lorsque la rosée commença à tomber, des parfums aromatiques embaumèrent l’air calme. Sur une seule voie, établie parfois sur un rebord étroit et qu’ont taillé dans le flanc de la montagne des hommes suspendus dans des paniers, surplombant des ravins d’une profondeur de 2 000 à 3 000 pieds, le train monstre gravissait sa route en serpentant, s’arrêtant parfois devant quelques maisons de bois ; tantôt, là où l’on ne voyait qu’une hutte faite de troncs d’arbres avec quelques Chinois aux environs, mais de laquelle partaient des sentiers conduisant, en haut et en bas des ravins, au pays de l’or. Les courbes sont si fréquentes et si accentuées, que, dans quelques parties de l’ascension, en regardant à la portière, on voit rarement à la fois plus d’une partie du train. Au cap Horn, où la voie contourne le rebord d’un précipice de 2 500 pieds, il