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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

que les pauvres femmes passent toute la journée à le faire.

Dans ce moment, les hôtes habituels vivant et mangeant ensemble sont : un couple américain, M. et Mrs Dewy, très-intelligents, d’un esprit élevé et dont j’apprécierais partout le caractère et l’instruction ; un jeune Anglais, frère d’un célèbre voyageur africain ; on l’appelle « le comte », parce qu’il monte sur une selle anglaise et tient à quelques particularités insulaires ; un mineur à la recherche de mines d’argent ; un jeune homme, type de « la jeune Amérique », pratique et intelligent, dont la santé, tandis qu’il était dans les affaires, révélait quelques symptômes de consomption et qui mène ici la vie de chasseur ; une jeune fille, nièce d’Evans, et un « homme à gages » à l’air mélancolique. Ainsi que je vous l’ai déjà dit, Mountain Jim, c’est-à-dire M. Nugent, habite à quatre milles d’ici, dans le ravin conduisant au parc. Son métier de trappeur l’amène journellement aux digues de castors de Black Canyon, pour veiller à ses trappes, et, en général, il passe quelque temps dans notre cabin ou aux environs. Mais je vois bien que cela ne satisfait point Evans. Car, en vérité, ce creux bleu qui s’étend solitaire au pied du pic de Long est un monde en miniature d’un grand intérêt, où l’amour, la jalousie, la haine, l’envie, l’orgueil, le désintéressement, l’avidité, l’égoïsme, présentent un continuel sujet d’étude. On a toujours la perspective émouvante d’une querelle ouverte avec le desperado voisin, auquel on a entendu dire plus d’une fois dans la cabin : « Je vous tuerai ! »

Notre bande s’est augmentée souvent de chasseurs