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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

et après s’éleva la tempête, qui dura dix heures. Mon lit est placé à plusieurs pieds de la fenêtre, qui, en apparence, ferme hermétiquement. Je m’étais endormie avec six couvertures et un drap sur le visage ; entre deux et trois heures, je fus réveillée par le vent, qui soulevait la cabin par-dessous, et le drap était gelé sur mes lèvres. J’étendis les mains, mon lit était couvert d’une épaisse couche de neige ; me levant pour examiner ce qui se passait, je vis qu’il y en avait par terre ; et une rafale de neige fine et en aiguilles me frappait le visage. Mon baquet d’eau était de la glace solide. Je restai à geler dans mon lit jusqu’au lever du soleil. Alors plusieurs hommes vinrent me délivrer et voir si j’étais encore en vie. Ils m’apportaient un pot d’eau chaude qui se changea en glace avant que j’eusse pu m’en servir. Je m’habillai dans la neige, dont étaient couvertes mes brosses, mes bottines, etc. ; quand je me rendis en courant à la maison, on ne voyait absolument ni montagne ni quoi que ce fût, et, d’un côté, la neige amoncelée dépassait le toit. L’air n’était qu’une fumée blanche et piquante, c’était effrayant. Dans la salle, la neige encore chassait par les fentes, et Mrs Dewy l’enlevait du parquet. Il faisait si froid que, dans une chambre où il y avait eu du feu toute la nuit, la barbe de M. Dewy était couverte de givre. Evans souffrant était couché dans son lit, sur lequel il y avait aussi de la neige. En revenant de ma cabin après le déjeuner, chargée de ce dont j’avais besoin pour la journée, je fus soulevée de terre, déposée sur un tas de neige, et toutes mes affaires, y compris ma lettre et mon cahier, furent emportés dans différentes directions. Plusieurs de ces