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VOYAGE D′UNE FEMME

neige je n’avais fait que quinze milles en huit heures et demie, et qu’il me fallait chercher un endroit pour passer la nuit. À l’est, un ciel tel que jamais je n’en avais vu de pareil : couleur de chrysoprase d’abord, il devint ensuite semblable à de l’aigue-marine et atteignit enfin le vert brillant de l’émeraude. Cela est exact, à moins que je ne sois atteinte de daltonisme ; soudain, tout changea et se colora du rose pur et brillant du crépuscule. Birdie glissait à chaque pas, et j’étais presque paralysée par le froid, quand j’arrivai à une cabin que l’on m’avait indiquée, mais où l’on me dit que dix-sept hommes bloqués par la neige étaient étendus par terre ; on me conseilla d’aller un peu plus loin, ce que je fis. Je trouvai la maison d’un Allemand d’Eisenau, qui vivait la avec sa douce jeune femme et sa vénérable belle-mère. Cette demeure était très-pauvre, mais quelques ornements la rendaient attrayante, et les manières allemandes, bonnes et simples, lui imprimaient une douce atmosphère de home. On accédait à ma chambre par une échelle, mais j’y étais seule, et j’eus le luxe d’une cuvette pour me laver. Mes pieds se réchauffèrent grâce aux soins des deux femmes, mais avec une souffrance si grande, qu’elle méritait presque le nom de torture. Le matin suivant était âpre et gris, mais le temps se réchauffa et s’éclaircit à mesure que la journée s’avançait. Après avoir fait douze milles, je pris du pain et du lait et la nourriture de Birdie, dans une grande maison où huit pensionnaires avaient tous l’air plus près de la tombe les uns que les autres. Lorsque je remontai à cheval, on me montra qu’il fallait quitter la