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VOYAGE D′UNE FEMME

général Palmer ; un vrai nid d’aigle. Le beau vestibule est rempli de têtes de buffalos, d’élans et de daims, de peaux d’animaux sauvages, d’oiseaux empaillés, de fourrures d’ours, de nombreuses armes indiennes et autres et de trophées. En traversant ensuite une issue d’énormes roches rouges, nous avons pénétré dans la vallée que l’on appelle fantastiquement le « Jardin des Dieux », jardin où, si j’étais déesse, je ne choisirais certainement pas ma demeure. De ce côté, beaucoup d’autres endroits sont aussi vulgarisés par des noms grotesques. Nous sommes passés du jardin dans un ravin, au bas duquel coulait la rivière « la Fontaine » ; là, j’ai quitté mes amis avec regret, et me suis avancée dans cette gorge froide et solennelle d’où les montagnes, rougissant au soleil, ne sont vues que de très-loin. J’ai mis Birdie à l’écurie, et comme il n’y avait pour moi d’autre place que dans cet immense hôtel, j’y suis venue prendre un dernier goût de luxe. Pendant la saison, on paye six dollars par jour, mais maintenant le prix a diminué de moitié, et au lieu de quatre cents hôtes élégants, il n’y en a qu’une quinzaine dont la plupart ont la parole faible et rapide des phtisiques, et toussent à rendre l’âme. Il y a sept sources médicinales. Il me sembla étrange de trouver dans ma chambre le luxe de l’existence ; depuis que je suis au Colorado, ce sera la quatrième nuit où je dormirai sur quelque chose de mieux que du foin ou de la paille. Je suis enchantée qu’il y ait si peu d’auberges ; de cette façon je puis voir les intérieurs et la façon de vivre des settlers.