Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
175
AUX MONTAGNES ROCHEUSES

man de naissance, mais maître ès arts de Cambridge. C’est à peu près de cette manière (un peu moins rudement s’il y a une femme) qu’ici tout homme doit commencer la vie. Sept grands chiens, dont trois avaient des chats sur le dos, se chauffaient devant le feu.


Twin Rock, bifurcation sud de la Platte,
1er novembre.

Je ne suis partie de chez M. Thornton qu’à dix heures, parce que les chemins étaient glissants. J’ai fait 4 milles dans un chemin détourné, et j’étais alors si fatiguée, que je restai deux heures dans une ferme où j’appris avec effroi qu’il me fallait faire 24  milles. avant de trouver un endroit où coucher. Je n’ai point joui de ma course d’hier. J’avais des douleurs, et Birdie n’était pas aussi animée que d’habitude. M’étant de nouveau mise en route, j’arrivai à un affreux endroit dont je n’avais point entendu parler auparavant, « Hayden Divide », l’une des grandes séparations de la région, étendue de onze milles, fatigante et horriblement solitaire, avec une neige épaisse. Je ne vis, gisant sur la route, qu’une mule morte depuis peu. J’étais très-nerveuse ; vers le soir, je crus avoir perdu mon chemin, car j’arrivai à de sauvages forêts de pins, parmi lesquelles étaient jetées çà et là de hautes masses de rochers de 100 à 700 pieds de haut. Derrière les forêts et parsemées de pins, des collines herbeuses, bornées à leur tour par des chaînes interminables effrayantes sous le ciel sombre, avec les pics espagnols très-nets et le sommet colossal du mont Lincoln, le roi des montagnes Rocheuses, parfaitement visible, quoi-