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VOYAGE D′UNE FEMME

guée, lorsque deux trappeurs, passant sur des mules, l’entourèrent et la prirent. Je refis les 12  milles jusqu’à Twin Rock, et continuai ma route ; un aimable conducteur qui allait dans la même direction que moi me prit mon paquet. Je dois vous expliquer que, depuis que j’ai quitté les sources du Colorado, je ne fais que m’enfoncer et m’élever dans les montagnes. J’ai passé cette après-midi par des parcs élevés semblables à des pelouses, ayant derrière moi la grande masse neigeuse du pic de Pike, et devant, des montagnes baignées dans une atmosphère bleue et violette ; tout cela était très-beau, mais menaçait de devenir monotone, lorsque la route tourna brusquement à gauche, traversant une rivière large et rapide, source de la Platte. Le rancho qu’on m’avait recommandé se trouvait là ; il est habité par un grand chasseur nommé Link, et ressemble beaucoup à une bonne auberge de campagne. Une femme agréable et bienveillante était seule au logis ; tous les hommes étaient absents, ce que je regrette toujours, car je suis alors obligée de passer une demi-heure auprès de mon cheval avant de vous écrire. Je venais à peine d’entrer, quand une aimable dame allemande que j’avais rencontrée à Manitou arriva avec trois gentlemen, et notre réunion fut aussi agréable que possible. Nous avons eu un souper splendide composé de mets grossiers. Pendant que Mrs Link nous servait et nous poussait à manger ses bonnes choses, elle discourait sur l’avidité des Anglais qui, disait-elle, « ont l’air de ne parcourir le pays que pour le plaisir de leur palais », et elle me demanda si je ne l’avais point remarqué. On me prend presque toujours