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VOYAGE D′UNE FEMME AUX MONTAGNES ROCHEUSES

d’une grande richesse. Il y a « la Terrible », et d’autres, dont on peut voir les actions cotées journellement dans la liste du Times, avec parfois une prime de 100 pour 100, puis une perte de 25. Ces mines, avec leurs travaux prolongés sous la terre, leurs moulins à piler et à broyer et les exploitations pour fondre le minerai, remplissent nuit et jour le district de bruit, de vacarme et de fumée. Je m’en étais tout à fait écartée pour entrer dans une région tranquille, où chaque mineur creuse pour son propre compte dans la solitude et ne confie à personne ses trouvailles ou ses désappointements. Les travaux de l’agriculture réparent et embellissent ; ceux des mines dévastent et détruisent. Par eux, la terre retournée devient hideuse ; ils flétrissent toute verdure, comme ils flétrissent en général le cœur et l’âme de l’homme. Partout, sur cette grande route, on les rencontrait avec les traces de leur destruction et de leurs ravages. Tout le long de hauteurs semblant inaccessibles étaient creusés des trous surmontés d’un toit que des troncs d’arbres soutiennent. C’est là que des êtres patients et solitaires vendent leur vie pour un trésor.

En bas, près de la rivière, et tous parmi les glaçons, des hommes vannaient et lavaient le minerai ; les flancs de la montagne étaient sillonnés de sentiers à peine praticables, trop escarpés même pour un âne, conduisant aux terriers, et au bas desquels le mineur charge le minerai sur son dos. Plus d’un cœur a été brisé par la rareté des découvertes faites le long de ces collines. Les abords sont couverts de souches carbonisées, spectacle de désolation là où la nature a fait