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VOYAGE D′UNE FEMME

ment où j’arrivai, l’hôte disait à sa femme : « S’il y a cette nuit un voyageur dans les plaines, que Dieu vienne à son secours ! »

Je trouvai là Evans retenu par la tempête. Mes affaires d’argent étaient réglées à son honneur, dans ce moment difficile. Après le sommeil profond et rafraîchissant dont on dort dans ce splendide climat, j’étais prête à partir de bonne heure ; mais, avertie par l’expérience d’hier, j’ai attendu jusqu’à midi, afin d’être sûre du temps. L’air était d’une clarté intense, et le mercure marquait 17° au-dessous de zéro ! La neige étincelait et craquait sous les pieds ; c’était superbe ! Dans ce pays, si l’on ne sort que pour peu de temps, on ne sent pas le froid, même sans chapeau et sans vêtements de surcroît. J’achetai cependant un cardigan et des chaussettes très-épaisses, et me procurai de solides raquettes pour les pieds de derrière de Birdie. Je causai agréablement avec quelques amis anglais, fis des commissions pour les hommes du Parc, et je me demandais si je n’attendrais pas qu’un convoi de marchandises eût frayé la route ; mais, définitivement encouragée par les bonnes nouvelles que j’avais reçues de vous, je quittai Longmount seule et pour la dernière fois.

Alors que j’y arrivais par une journée brûlante, avec M. et Mr Hughes, je ne pensais guère aux splendeurs qui m’attendaient et au bon temps que j’allais passer. Maintenant, j’y suis chez moi ; tout le monde ici, et le long du canyon de Saint-Vrain, m’appelle amicalement par mon nom ; les journaux, avec leurs insupportables personnalités, ont rendu mes exploits d’écuyère