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VOYAGE D′UNE FEMME

fois la rivière, puis je fis six milles avant d’arriver à la vieille route. Quoiqu’il y eût des tas de neige atteignant la hauteur de ma selle et que personne n’eut frayé de sentier, Birdie déploya tant de courage, qu’au lieu de passer la nuit près d’un feu de camp, ou de ne point arriver avant minuit, je me trouvai à la cabin de M. Nugent, une heure seulement après que l’obscurité eût commencé. Je mourais de froid et mon pony était si fatigué, qu’il pouvait à peine mettre un pied devant l’autre. En réalité, j’avais marché pendant les trois derniers milles. Je vis de la lumière à travers les fentes, mais entendant à l’intérieur une conversation animée, j’allais m’éloigner, quand Ring aboya, et son maître se montrant à la porte, je m’aperçus que le solitaire parlait à son chien. Il s’attendait à me voir, et avait préparé du café et un grand feu, tous deux fort agréables. Je fus aussi très-contente d’avoir les dernières nouvelles du Parc. Evans lui avait avoué, me dit-il, qu’il serait très-difficile à l’un d’eux de me conduire aux plaines, mais lui, Jim, irait ; c’est pour moi un grand soulagement. Suivant le proverbe écossais : « Mieux vaut un doigt coupé qu’un doigt pendant », et puisque je ne puis vivre ici (car vous n’aimeriez ni la vie qu’on y mène, ni le climat), le plus tôt que je partirai sera le mieux.

Ma course solitaire jusque chez Evans avait quelque chose de fantastique. Il faisait très-sombre et les bruits étaient étranges. Le jeune Lyman se précipita pour prendre mon cheval, et lorsque j’entrai, la lumière et la chaleur me parurent délicieuses, mais il y avait de la roideur dans le nouveau régime. Quoique écrasé